• PETITS ENFANTS et Gabin

    Prose et poésie en Français, espagnol, portugais

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    Le Bon Pain de Gabin

     
     
    " Le Bon Pain du Petit Gabin "

    Petit Gabin
    Croûte de pain
    Pain de mie
    Mie de pain
    farine blanche
    De noire sarrasin...
     

    Galettes de ma-mie
    Pétries à la main
    Regard charmant
    Bras nus tout blancs
    Comme voiles de moulin
    Yeux dans les étoiles...
     

    Cœur dans la nuit
    Première lumière du matin
    Voici des galettes au sarrasin
    A la mode de Fouesnant
    Faites à la poêle par papy
    Pur beurre goût croustillant...
     

    C'est la Saveur de Bretagne
    Dans les fines papilles
    De toute la famille
    De Bretagne, Vosges et Normandie !
     

    Mais que fait-il, le petit Gabin
    le rosier des pains
    L'œil frais dans le pain
    Fromage chaud sans œil
    Petit œil sautant dans le bon vin !
     

    Quel sourire de Rayonnement
    Rose, jaune, rouge vermeil
    Faisant pâlir le beau soleil !
     

    Mais où est papa ?
    Que fait maman ?
     

    Mon petit Gabin
    Allons-nous en
    Mon Petit lapin
    Faire le bon pain
    Jaune noire ou blanc...
     

    Mon petit Gabin
    Allons chercher
    De bois le carré pétrin
    Cela ne te dit rien
    Mais enfin ! Il est là ! Gabin !
    Le pétrin de boulanger ancien
    De ton arrière grand mère il nous vient.

    - La russe, l'espagnole, la portugaise?
    - Non! Non ! Gabin ! De mamie Dumont
     

    "Bistra ! Bistra ! Davaï ! Davaï !
    Mon petit et noir Cormoran
    Du Golfe du Morbihan
    Tu veux déjà sécher tes ailes
    Qu'il est paresseux ce petit Gabin !
     

    Allons faire du bon pain
    Jaune noire ou blanc
    Allez main à la pâte Gabin !
     

    Trois kilos de farine Francine des Landes
    Une belle pincée de sel de Guérande
    Quatre litres d'eau de Plancoët
    Eau cœur et âme de Bretagne
    Cinq calories d'huile de coude
    Pétrit le tout pendant 3/4 d'heure
    N'oublie pas le froment
    Petite tête en l'air
    Le froment est du pain le cœur
    Laisse au moins 1 h reposer
    Maintenant, regarde la masse lever.
     

    Mais où est papa ?
    Que fait maman ?
     

    Mon petit Gabin
    Regarde comme il est brûlant
    Notre beau four à pain
    Mets toutes les boules dedans
    Quel beau travail, mon Petit Lapin !
     

    Maintenant laisse cuir notre bon pain
    Le Jaune, le noir et le blanc
    C'est ainsi mon cher Gabin
    Qu'à l'école de la vie on apprend...
     

    Tu sais mon petit pépère
    Un grand-père
    Est deux fois père
    Et souvent plus qu'une maman !..
    Mais le plus important
    C'est qu'il faut savoir
    Qu'à la sueur de son front
    Il faut gagner son pain
    Que l'on soit jaune noir ou blanc..
     

    Ô mon petit boulanger,
    Notre très cher, Monsieur Gabin
    C'est l'enseigne de chacun
     

    Mais dans cette vie
    De la brioche pour certains
    Et pour d'autres brioche de rien !
     


    Maintenant mon chéri
    Écoute moi bien
    Mon petit Gabin :
      
    Farine de blé, pain blanc.
    Bonjour Monsieur !
     

    Farine de maïs , pain jaune.
    Salut camarade !
     

    Farine de seigle, pain noir.
    Espèce de con ferme-là !
    Fous moi la paix
    Tire-toi de là
    Et fiche moi le camp !
     
     

    Vannes le 2 septembre 2021
    Virgile ROBALLO
     
     

    LES NUAGES DU BONDIEU

     

    LES NUAGES DU BONDIEU
     
    « Les nuages du bondieu »
     
    ( POUR RIRE et sourire  !...)

    Ce sont des nuages de rires

    Les sérieux doivent s'abstenir

    Mais surtout pas de les lire !



    Ô Kilian, Alexis, Raphaël, Mélodie,

    Le week-end avec papy, c'est ça la vie

    Ô Nathan, Lise, Adrien,

    Mais où est passé le petit Gabin ?

    Maude et Clémence. Ô papy on n'en sait rien !



    Les nuages du bondieu

    Ce sont des nuages de rires

    Les sérieux doivent s'abstenir

    Mais surtout pas de les lire



    Que ça fait du bien de se divertir !



    Les jolis nuages,

    Que vous voyez là haut

    Bleus dégradant vers le blanc

    Dansant main dans la main

    Dans le ciel bleu

    Ô mes petits au cœur d'enfant

    Ce sont des pets

    Les meilleurs pets du bon dieu

    Nom de dié !

    Tu crois Pépé !



    Un pet, deux pets, trois pets
    Ce sont des bios
    C'est la nature
    C'est naturel

    Tu peux rire petit Raphaël
    Sans rien dire
    Ils s'en vont en silence tous
    Là-haut
    Au ciel !

    Les jolis pets

    Les pète-les-plombs

    Les pète-sans-rire

    Les pète-en-l'air

    Les pètes-en-caleçon

    Les pète-jaune

    Les pète-moux
    Les pète-doux

    Enfin arrivent en garde-à-vous
    Les pète-sec...

    Mais ce sont des nuages
    Noirs et souvent blancs
    Dansant dans le ciel bleuet



    C'est toi Nathan ?

    Oh pardon !
    J'ai rien fait
    Il s'est échappé.

    Au nom du père du fils
    Et de l'esprit saint
    Des beaux rêves,
    Des jolis nuages
    Des pets
    Courant dans le ciel sans fin
    Nom de Dié !

    Ce ne sont que des nuages
    Des nuages dans le ciel
    Peut-être des petits ballons,
    Des grands ballons
    D'air, de parfum
    Mais des ballons
    Tout ronds.


    J'ai tout entendu

    C'est toi Aléxis ?

    Oh ! Pardon papy !


    Un petit bruit
    Sans odeur
    Les ballons vont montant au ciel
    Ils sont de toutes les couleurs
    Des noirs pleins de pluie
    Des blancs pleins de vent
    Les verts du peuple en errance
    Pleins d'espoir et d'espérance
    Les rouges vermeil, en ébullition
    Des rebelles en rébellion
    Cœur et sang de la révolution
    Les jaunes riches
    Couverts d'argent
    Montrant, étalant
    Aux yeux de tous
    La couleur de d'or
    Arrivent, vers la fin
    Emplis de stress
    Les ballons bleu-marine de la noblesse,
    Puis en queue de peloton
    Débordant de frénésie
    Pètent éclatent
    Les ballons de la bourgeoisie !

    Les nuages, les nuages
    Des pets et des pets
    Du midi et du soir
    Mais ceux qui vous font du bien
    Ce sont ceux du matin
    Les pets, s'en vont dans le ciel bleu
    Des ballons couleur marine
    Nom d'une pipe ! Nom de Dié !

    Hé là ! Hé là ! Ah Hé !
    Ce que tu peux être mal élevé !
    Halte là ! Ca suffit les garçons !
    Un peu plus de bonne éducation

    Pardon pépé
    Mais Ce n'est qu'un pet
    C'est quand même pas de ma faute
    Les haricots, ô les haricots d'hier
    C'est de la faute à mémère !

    Mais, ce n'est pas beau !
    Non ! Ce n'est pas beau un pet
    Il se lève
    Tout pépère
    Il gonfle ton ventre
    Et il crie

    Dit avec un sourire Mélodie
    Et sans rien dire
    S'en va au ciel
    Sans un mot
    Sans une parole
    Sans un point
    Sans un accent
    Sans un trait
    Que l'on se sent bien
    Que l'on se sent en paix
    Après cette révolution
    Tout naturellement
    On se sent partir au ciel
    Ô Mon Dieu !

    Écoute papy !
    Mais que l'on se sent bien après.



    Ô les jolis
    Les jolis nuages bleus

    Tirant sur du blanc

    Regardez comment, comment

    Ils dansent dans le ciel

    Ce sont les jolis pets

    Du bondieu

    Nom de dié !

    Rires ! Risos ! Smiles ! Lol !



    Pénestin 10/08/16
    Virgile ROBALLO
     
     
    Le Bon Pain de Gabin
    Gabin Dumont Roballo
     
    ***

    Mais dieu existe Gabin 

    Petit fou du Paris St Germain !

    Mais dieu existe !

     
    Dieu existe Gabin
    Mon  petit fan du Paris St Germain
    Mais ce n'est pas ton Mbappé
    Mon petit foufou du PSG
     
    Dieu ?
    Mais dieu est dieu
    Sapristi ! Parbleu
    Le Dieu du foot existe !
    Le dieu des croyants fouteux
    Tous, Tous Gabin
    Ce dieu rend heureux
     
    Mais ce n'est pas ton numéro dix
    aux  pates couleur  perdrix 
    Que les saints  ont choisi
    Non, mon petit Gabi
    Mon aficionado du Paris St. Germain
     
    C'est CR7 
    Des pieds et de la tête !
     
     
    La Terre, le  Ciel et le Paradis
    Même dans la bible est écrit:
     
    "C'est le footballeur le  plus grand,
    Le plus vaillant
    de tous les temps ! "
     
    du Portugal à l'Angleterre
    D'Espagne à l'Italie
    en Passant par le jardin d'Eden et l'Arabie ! 
     
    Nom d'une pipe à tabac
    Sapristi ! Non de dieu !
    Crie le tournant d'en bas
     Vocifère  l'aile du stade d'en haut
    Il se nomme ! Il se nomme !
    Mon petit bonhomme
    Le plus grand, le beau
     Cristiano Ronaldo !
     
    Mais comme tu aimes tant 
    Le Paris St. Germain
    Je vais téléphoner à mon ami
    du Foot le Bondieu
    Suis certain mon petit Gabin
    Que la prochaine année
    Il laissera Ton Mbappé 
    Une fois gagner !
    Oui, le 30 janvier !
     
    Papy moqueur !
     
     
    ****

    Le Couteau et la Fourchette

    Le Couteau et la Fourchette
    « Le Couteau et la Fourchette »
    (Rires)
    Arrête ! Sinon ! Sinon !
    Je te pique, dit la fourchette
    Ah ! Si tu me piques
    Je te coupe une dent, dit le couteau !
     
     

    Rit en cachette,
    Une creuse assiette
    Au cul bien rond !
     

    Mais qu'est-ce que j'entends,
    Dit la nappe !
    Il est hors de question
    Que dans mon cœur
    Je supporte ! Je supporte !
    Dans moi
    Toutes ces tâches sales
    Espèces de patates !
     
     

    Ô ! Ô ! Ô !
    Toi ! Toi ! Sorte de...
    Crie la pomme de terre
    Sentant les dents de la fourchette
    Lui piquer son corps dans le chaud,
    La lame tranchante du couteau
    Lui faire froidement sa jolie peau !
     

    Halte-là ! Halte-là !
     

    Bouillonne la marmite
    Le ventre rond déjà sur le feu !
    Sinon ! Sinon !
    Je vais déverser
    Sur ce petit monde mesquin
    Toute l'ardeur de mon eau !
     

    Cloup ! Clac ! Clap !
    Donc, tout le monde à la trappe ?
     

    Arrive ! Arrive à la fin
    Pleine de sagesse
    Une belle bouteille de vin !
    Vous feriez mieux !
    Vous feriez mieux, tous
    De mettre enfin
    De l'eau dans votre verre de vin !
     

    Approchez ! Approchez !
    Un demi verre,
    de simplicité ,
    un verre plein de naïveté,
    Un verre vide
    de méchanceté
    A ta santé,
     

    Tchin ! tchin ! Tchin !
    A ta santé ma bien-aimée
     

    Et que vive ! Que vive !
    L'affection,
    L'alliance,
    L'entente,
    Et que vive ! Que vive !
    L'amour,
    La bienveillance,
    La camaraderie,
    La familiarité,
    Et que vive ! Que vive aussi !
    Une nouvelle vie
    Dans le jardin de la belle amitié
     
     
    Mais à la fin
    Avec un un sourire et un clin d'œil,
    Large et rond comme le soleil
    Tirant une ultime bouffée
    De son calumet de la paix
    Le couteau demande à la fourchette
    Est-ce que tu es là, ma bien-aimée ??
    Avril 2021
    Virgile ROBALLO
    ***

    Ivresse à l'O-de-vie

    Ivresse à l'O-de-vie
     
    « Ivresse à l'O-de-vie »

    O-de-vie,
    En Belle Russie
    Le meilleur remède du cholestérol
    De la poigne et fortiche taux d'alcool
    Dans les vallées et gorges de Bretagne
    Tu es volcan qui brûle
    Le corps, le cœur et l'âme
    Qui tue à petit feu son bonhomme
    Dans le gris et angoissant hiver
    Renaissance de printemps,
    Sécheresse d'été,

    O-de vie
    En belle Russie

    Ivresse d'amour
    Ivresse de vie
    Ivresse de poésie
    Mélancolie automne
    Elle s'en va tuant son bonhomme !...

    De pêche
    De cerise
    De myrtille
    De figue
    De raisin...

    Ô-de-vie
    Tu enivres même le bon vin !

    O-de-vie
    En belle Russie
    Dans le cul d'une bouteille roulant
    Le ventre rond débordant
    Comme la covide-19 enfermée
    Et adieu l'aimer
    Au revoir la liberté
    Bouteille emprisonnée
    En verre blanc et transparent
    Toute prête à exploser
    Comme une bombe djihadiste à retardement
    Pour échapper à ce maudit confinement


    O-de-vie ...
    En belle Russie
    Comme la Covide-19 enfermée
    Dans bouteille en verre transparent
    Mais tu es prête à exploser
    Pour échapper au confinement

    Oh ! Oh ! Oh !

    O-de-vie 
    En belle Russie
    Sacrée tu l'es bouteille bien-aimée
    Tu nous mets à genoux
    Tu nous fonds le cœur
    Nous fais perdre La tête
    Perdre l'équilibre
    Danser dans l'ivresse
    Du soir au petit matin

    Mais petite bouteille à la fin

    Tu enfermes en toi tellement de grappes de raisin
    A te chanter
    A te déclamer
    A crier
    A dire

    O-de-vie
    Dans ton blanc et éthylique sang
    Coule la vengeance et la douleur
    Dans ton rouge cœur
    Vit le dur écrasement de la grappe de raisin
    Par le poids du pressoir à vin

    O-de-vie
    En fort taux d'alcool
    Le meilleur remède au cholestérol
    Dure est la vie
    O-de- vie
    Odeurs de douleur
    De rancune et vengeance
    Buvons un petit verre de délivrance
    O-de-vie
    45 degrés
    Et qu'importe à la fin

    Région bien démarquée
    Élaborée dans nos caves
    Aux petits soins
    Tu es l'ambroisie des dieux
    Le nectar de l'immortalité
    La fille, la femme, le fruit de la vie
    La renaissance de nos meilleurs vins !

    Gwened 5 avril 2021
    Virgile ROBALLO
    ***

    « L'U.E.et les Européens »

    « L'U.E.et les Européens »
    « Les Européens »

    1er avril de 2021
    pour rire du début à la fin
    Ils valent ils valent !
    Beaucoup, beaucoup d'argent !
    A l'achat et à la vente tout autant
    Eh ! Eh ! Chers amis amerloques
    Eh ! Eh ! Vous aussi pales yeux de shintoques
    Eh ! Eh ! Écoutez bolcheviques rousquis

    Sachez petit doigt dans le nez !

    Qu'il n'y a pas assez d'argent
    Qui puisse payer un bel européen !
    Mais pouvez en avoir, un
    Et si vous en valez autant
    Vous pouvez en avoir cent
    Voir mile gratuitement !


    Eh bien ! Mettez sur le feu une belle marmite en fonte.
    Mettez y un beau porctoutgai, oui tout gai
    Ajoutez un bel ispangol
    Se tapant le cul au sol
    Eh ! Mama mia ajoutez-y aussi un ritalien,
    Mafiosi, dit quelqu'un de bien,
    Allez me chercher un mangeur de choucroute,
    Certainement un naziland
    Un bien protestant
    Se faisant passer par animaland
    N'oubliez pas un franciouz,
    Fort en gueule et rien dans le porte monnaie.
    Pensez à une betterave rouge
    Poivre et sel sauce angliouz

    Touillez le tout, Du courage, allez jusqu'au bout
    Mais ça sent bon, c'est beau
    Allez servez ! Servez ! Bien chaud.
    Està de Puta madre ! Oh ! Putain.
    Mais, C'est ça de l'U.E. un européen !

    Gwined le 1er avril 2021 !!!
    Virgile ROBALLO
    ***
     

    A mes petits Zéléphants !

     
     
    A mes petits Zéléphants !
    " A mes petits Zéléphants "

    A mes petits enfants,
    Kilian, Mélodie, Alexis,
    Non ! Ce n'est pas fini !
    Mais voici, notre Raphaël
    Vendant du vinaigre pour du miel
     

    Puis Nathan et Adrien
    Très sérieux, l'air de rien
    Puis M.&. Dame  la petite Lise
    Avec son sourire d'Israël
    En quête de Terre  Promise.
     

    Arrivent encore des filles
    adorables et chipies
    Maëlle et Clémence
    Jeunes Messieurs !
    Ne pas se fier aux apparences
     

    Arrive enfin en 10 ème position
    tout au bout du Roballo chemin
    C'est le plus jeune
    Et le plus grand malin,
    C'est notre petit Gabin
     
     
    Qui fête ce 30 janvier 2021
    Ses sept ans!
    Félicitations ! Félicitations !
    à toi notre beau Gabin
    et un merci à tes parents !
     

    Papy Virgile
    Vannes 30/01/2021
     
     
    ***

    Le Saint Honoré (gâteau)

    Le Saint Honoré (gâteau)
    " Le Saint Honoré "
    Que je t'aime ! Que je t'aime !
    Te le dis avec goût et de bon ton
    Mon chéri, tu es mon gâteau préféré
    Tu es si beau, si saint et si bon !

    O que je suis, que je suis honoré
    De te regarder, te sentir et te toucher
    Et chaudement t'aimer !

    Que je voudrais, que je voudrais
    De mes mains t'attraper
    Dans mes bras te serrer
    Et amoureusement te déguster !

    Jésus , Marie, José !
    O mon petit gâteau préféré
    Je te veux, je te veux
    Aujourd'hui, demain, toute la journée
    Pour la vie, pour l'éternité...

    Mon gâteau Saint Honoré
    Tu es fait de substances de qualité
    Une pâte feuilletée, bien dorée
    Cœur diplomate à la crème
    Âme à l'esprit, goût verveine
    Une passion, toute en couleur
    Des pêches jaunes jusqu'au cœur,
    O mon caramélisé petit choux
    Gâteau tendre, peau fine, visage doux

    O mon amour ! O mon ami(e) !
    Mon exquis petit gâteau chéri
    Mon cœur est à tout à toi
    De Cannes à Vannes en passant par Chantilly !...

    Que je t'aime ! Que je t'aime !
    Te le dis avec plaisir et de bon ton
    Mon chéri, tu es mon préfère
    Tu es si beau, si saint et si bon
    Tu portes un si joli nom
    Tu es mon délicieux Saint Honoré !

    Vannes le 21 juillet 2021
    Virgile ROBALLO
    Saint-Honoré est le patron des boulangers : quand ce jeune homme dissipé annonça à sa nourrice qu'il voulait devenir prêtre, elle était en train de faire cuire son pain. "Et quand ma pelle aura des feuilles, tu seras évêque !" se moqua la brave femme. Sous ses yeux ébahis, la pelle se mit à reverdir.

    En souvenir de ce miracle, en 1202, un boulanger parisien offrit 9 arpents de terre pour construire une chapelle à Saint-Honoré qui devint ainsi le saint patron des boulangers. Il est fêté le 16 mai chez beaucoup de boulangers à travers toute la France : c'est la Fête du Pain. L'occasion de célébrer une fois l'an sur le lieu des moissons, au moulin et au fournil, le travail des céréaliers, des meuniers et des boulangers qui maintiennent la tradition du bon pain français.
     
    ***
     

    Les confitures de Gabin

    Les confitures de Papy
     
    « La confiture de cerise Maman »

    Ma savoureuse confiture
    En te touchant de mes mains
    Ton sucre fond dans mon cœur
    Ta douceur coule dans mes doigts.

    Ce que tu es bonne
    Sur ma tartine de pain
    Mais arrête de dégouliner dans mes mains
    Oh que j'ai envie de te manger
    Sans gaspillage
    Et puis réclamer davantage !

    40% de sucre et de fruits 60 pour cent
    Naturelle, sucrée, Coquine !
    Tu es tellement pure
    Ô ma petite confiture
    Je t'aime, je t'aime
    Sur ma tartine de pain
    Tu es à moi, tu es mon petit-enfant !

    Mais approche Gabin
    Viens près de moi
    Prends un crayon noir
    Puis deux ou trois
    En couleur
    Mets du vert pour les feuilles
    Jaune pour les pétales
    Rouge pour le cœur
    Tu vois, c'est joli
    Mon antillais colibri
    On dirait une gaillarde !
    Mais non, mon petit chipinus
    C'est un hibiscus
    Ma bien aimée
    Cœur rouge, pétales dorées !

    Mais attention à sa délicate couleur
    Ne laisse pas faner sa fraicheur
    Arrose à l'eau Cristalline
    Expose à la lumière du jour
    Dépêche-toi mon petit amour !

    Maintenant pose délicatement
    La fleur sur une étiquette blanche
    Avec ton doigt colle la fleur
    Tous ces mots
    Sur ce joli pot
    Marque, ma petite douceur exquise
    « Ma confiture de cerise »

    Vannes le 15 janvier 2016
    Virgile ROBALLO
     
     
    * * *

    La Crevette

    La Crevette « La crevette »
    N'est pas un crustacé de mer
    N'est pas une libellule de rivière,
    N'est pas un léger cousin
    Marchant sur de l'eau claire
    Serais-elle une sauterelle sans paire ?

    O rouge crevette,
    Mieux vaudrait savoir bien marcher,
    Que sautiller et sauter,
    A perdre la petite tête !

    Plus il fait chaud,
    Plus sauterelle se vante
    Se vente de sauter très haut
    Mais Monsieur ne sait-il pas
    Que l'on touche le pic de l'été ?
    Et sauterelle se voyant dans son sommet
    Ne sait que sautiller et sauter
    Au lieu de bien marcher.

    Saute, sautille la sauterelle
    Sur les monts de la terre
    Sur les profondeurs de la mer
    S'envole dans l'air
    Le matin, le midi, le soir fait la belle
    Elle saute et s'accroche à la verte tige,
    Un petit saut encore dans le vertige
    Sauterelle perd l'équilibre
    Va-t-elle tomber se rompre la tête
    Elle s'accroche en catastrophe
    A une frêle brandie
    Espérant préserver son honneur
    Croyant avoir sauvé sa vie

    Mais un ivrogne crapaud
    Fumant des gauloises cigarettes
    Avalant une vinaigre piquette
    Aboyant son croa croa,
    Tout en bas,
    Tire la langue,
    Eh ! Aie ! Aie ! Sauterelle !
    Gerbe son Pinot
    Eh ! Eh ! Et Patatras !

    Madame, Monsieur, Mademoiselle
    Ainsi prirent fin les grands sauts
    De la sautillante sauterelle.


    Ô rouge crevette
    Ne pas perdre la tête,
    Ton cœur, un épi granulé
    Couleur de l'or
    Ton âme, ta queue et ton corps.
    Toute grillée ou ébouillantée
    Ô rose crevette
    Déjà au fond d'une assiette
    Tombant d'un fil pourri,
    Mal accroché d'internet.

    Ô ! Cher lecteur
    Au cœur de fraîcheur
    La morale de cette histoire
    C'est qu'il faut penser et croire
    Qu'à force de faire des sauts illusoires
    On tombe dans une vie sans gloire.

    Gwened 30 mars 2021
    Virgile ROBALLO
    ***

    La leçon de Papy Virgile

    La leçon de Papy Virgile
     
    « La leçon de Papy Virgile »

    Mon petit  Gabin
    Tara bain ! Tara bain !
    Joue, joue avec tes voitures
    Rentre-les toutes au garage
    Ne fais pas rougir le moteur
    Avec ta voix
    Tu fais toujours
     
    Vroun ! Vroun ! Roun ! Roun !
    Tarabain ! Tarabain ! Tarabain !
     
    Attention au gaspillage
    Trop de fumée et pollution
    Va mon petit poupon
    Joue, joue mon petit Tarabain
    C'est propre de ton âge.
     
    Mais demain
    Quand je serai déjà vieux
    Tu seras encore un jeunot
    C'est cela la résurrection de l'homme
    Après et avant la mort.
     
    Mon petit Tarabain
    Joue, joue avec tes voitures
    Rentre-les au garage
    Ne fais pas rougir le moteur
    Avec ta voix
    Tu fais
     
    Vroun ! Vroun ! Roun ! Roun !
    Tarabain ! Tarabain !  Tarabain !
     
    Fais un bisou à ton papa
    N'oublie pas le câlin à maman
    Maintenant
    Viens là
    Tout près de moi
    Non ! Ça ne pique pas
    Fais-moi un petit bisou
    Mon sauvage mon loulou
    Assieds-toi
     Je vais te faire la leçon
    Ecoute petit potache, mon joli patachon
    Les petits garçons
    Qui travaillent bien à l'école
    Tout le monde le sait bien
    Sont utiles à leur pays !
     
    Mais attends
    La leçon n'est pas finie !
    S'il ne l'est pas aujourd'hui
    Mon  écolier ami
    Il le sera demain !
     
    Vroun ! Vroun ! Roun ! Roun !
    Tarabain ! Tarabain !  Tarabain !
     
    Vannes le 17 janvier 2016
    Virgile ROBALLO
     
    * * * 
     

    Gabin ! Mon Petit Grillon Africain !

    Mon Petit Grillon Africain (Afrique)
     
    Mais petit Gabin !
    Où es tu ? Avec papa ou maman ?
    Mais viens !
    assieds toi sur le tabouret en pin
    Eh ! Arrête de taper le tambourin
    te crois tu un musicien africain ?
    Mais écoute ! Ecoute !
    L'histoire du : 
     
     
    « Le Grillon Afrrrricain »

    Chante toute la nuit
    Puis de l'aube jusqu'à midi
    Il chante
    Comme un guérillero africain
    Qui va mourir demain !

    Puis Monsieur
    Le Grillon
    Noir comme un charbon
    S'arrête
    Regarde une petite enfant brune
    Fais semblant
    de contempler le clair de lune
    Petit coquin
    Puis elle ajoute
    Qu'il est mignon mon petit grillon !

    Cricri !... Cricri ! Cricri !... Cricri !

    Toute affligée
    Arrive la maman
    Suivant sa fille à la trace
    Mais qu'est-ce que c'est,
    Qu'est-ce qui se passe ?
    demande la dame blanche
    Soucieuse
    A un Black

    Mais c'est rien
    C'est un conte africain

    Mais le grillon
    Tire du cordon

    Cri... cri ... cri... crack... Cri... cri ... cri... crack...

    Madame
    C'est un grillon
    Noir comme du charbon
    Joyeux comme un papillon
    Qui va chercher le pollen
    De fleur en fleur
    Répond le conteur black

    Et dans la savane le grillon
    Continue de plus belle :

    Cricri !... cricri ! ...cricri !...

    De l'aube jusqu'à midi...
    Et pourquoi pas après ?

    demande la petite Charlotte
    Se cachant derrière la porte


    Et le grillon
    Noir comme du charbon
    Chante pour de bon

    cric ...crac...cric ...crac

    Ça sé vwa
    T'es une blanc bec
    Tw Connè pas Afrrrique

    Et crick et crack !
    Lui répond en se moquant
    L'enfant black:

    - Mais charlotte
    Il fait très chaud ...
    Petite idiote !

    Vannes le 18/01/16
    Virgile ROBALLO

    * * * 

    Terres Antillaises

    Terres Antillaises

    Le Tam-Tam (Guadeloupe)

     
    Le Tam-Tam (Guadeloupe)
     
    « Le Tam-Tam »

    Monsieur le curé du haut de sa chaire
    Met ses ouailles en garde
    La musique est l'œuvre du Diable

    La Guadeloupe n'a que faire
    Que Satan aille se faire rôtir en enfer !
    Elle Chante et elle rit
    Au son de la musique
    Toute sa vie
    Jour et nuit

    Tam ! tam ! tam !...

    Ruisselle de sueur le noir musicien
    Pleure et rit le tambourin.


    Nègre travaille, travaille
    Du soir jusqu'au matin
    Danse nuit et jour le guadeloupéen.


    Pendant ce temps
    Dans le fin fond de la nuit
    Noire sombre et obscure
    Regorge de vie
    La végétation tropicale
    Orgies et bacchanales !


    Croissent dans les mares
    Grenouilles et crapauds
    Murmurent en silence
    Champs de cannes et roseaux !


    Plus loin aussi
    Dans le ventre la nuit
    Ça peste le rhum
    Du matin à midi
    Jusqu'à minuit !


    Eh !  Blanc bec ?
    Eh ! Blanc gâché ?


    Il dénigre tout le métro
    Se valorise comme il peut
    Le pauvre Blanco !


    " Mè Antillé-là s'en fou "


    La lune rigole avec les étoiles
    Et le regard vide et vaseux
    Pestant le rhum
    Baragouine le badaud :

    " Timoun ! Bèl ti fi Gwadloup "

    (mon gars elles sont belles les filles de Guadeloupe)

    Virgile ROBALLO
    Vannes 29/03/16

    * * *

    La mer de Bretagne

    Petit Gabin, ne serait-il pas mieux  de remplacer le mot, Bretagne par le mot Méditerranée ! Qu'en penses-tu ?  

     
     
    La mer (2ème version)
    La mer de Bretagne
     
    Qu'on voit chanter
    Dans des robes de sable
    L'élégante épouse, mère et femme
    Elle est la vaste source de vie et de beauté
     
    La mer de Bretagne
    Qu'on voit danser
    Dans des pantalons de galets
    Le long des cotes découpées
    Rêvant de monts et de vallées
    Elle rappelle que la vie est aussi réalité.
     
    La mer de Bretagne
    Que l'on voit converser
    Dans sa jupe arc-en-ciel plissée
    Là-bas dans le présent le futur et le passé
    Est Marie donnant naissance à l'humanité
     
    La mer de Bretagne
    Page immense,
    Papier glacé, papier brillance
    Vaste océan de poissons de mots
    Plume d'écrivain navigant comme bateau
    Pierre d'eau modelée par le sculpteur
    Palette de couleurs devenant tableau...
    O Bretagne mer
    Âme lumière
    Bleue, turquoise, verte... Couleur d'argent
    Corps de Pentecôte, colombe blanche, esprit saint
    Corps d'Ascension,
    On te voudrait, on te cherche, toujours fuyant
    Mais qui es-tu... La Mer ?
    Au cœur doré aux reflets changeants... Basse Mer
    Haute Mer
    Étal, Toutes les six heures
    Tu t'en vas, tu t'en reviens
    On ne sait pas, on n'en sait rien
    Mais, pourquoi l'étal ne dure qu'une heure ?
    Le Lusitania peut-il te faire confiance
    Les voiles blanches toutes ouvertes au vent
    De toi Mer, la vie, le destin dépend
    De l'Homme bon ou moins bon marin ?
    Haute Mer
    Basse Mer
    Mais quel est ton bon niveau
    Demande le Lusitania, le sage bateau.
    O Bretagne de la mer  ?
    Que dire ? Que faire ?
    Plus on descend moins on s'élève ?
     
    La mer de Bretagne
    Que l'on voit chanter
    Dans des robes de sable
    Que l'on voit danser
    Dans des pantalons de galets
    Est corps de couleurs
    Épouse, mère, femme en fleur
    Âme à la lumière d'argent
    Cœur doré aux reflets changeants  ...
     
    Ô Mer de Bretagne
    Cœur doré aux reflets changeants  .
    Que tu es petite et belle
    Dans le Golfe du Mor-Bihan  !

    Vannes 19/07/2021
    Virgile ROBALLO
     
     
    ***
     

    Les dictateurs... trices

     
    Les dictateurs...
    « Les Dictateurs... trices »

    Tout est clair...
    ... tout est simple

    O.k. ! Va bene ? Bien sûr ! Vale ! Pois sim !
    Oui ! Oui ! N'est-ce pas !
    Mais il y en a ras le bol
    Il y en a assez !
    De ces Dictateurs
    Du « moi je »...
    Du moi, c'est comme ça ...
    ...et pas autrement
    Du tout est clair...
    ...Du tout est simple
    Du il n'y a qu'à...

    Non ! Non ! Non !
    Dans la vie ce n'est jamais tout clair
    Non ! Ce n'est pas souvent simple...
    Il y en a ras le bol
    Il y en a assez
    Et tous ces comportements de la vie
    Des dictateurs (...trices)
    Des Autoritaristes
    Frontistes Fascistes ou Communistes
    Extrémistes de gauche ou de droite
    Tout est clair
    Tout est simple
    Or la vérité
    La réalité
    La vie
    Est bien différente


    Elle est dans la controverse
    Dans le poids du pour
    Et dans le contrepoids du contre
    Elle est dans les attitudes
    Sages et de nuances

    Soit humble Madame Monsieur l'autoritariste
    Mais qui es-tu
    Qui donne opinion sur tout
    Et surtout sur ce que tu ne connais pas
    Informe-toi
    Sur le sujet
    Avant d'en parler
    C'est ton devoir
    Même si on ne peut jamais tout savoir

    Ensuite, ensuite seulement
    Donne ton humble
    Solution
    A tout problème ou question

    Non ! Non ! Non !
    Dictateur du « moi je »
    Tout n'est pas clair
    Tout n'est pas toujours simple
    La vérité
    La réalité
    De la vie
    Est bien différente
    Pèse bien le pour
    Tiens bien compte du contre

    Car un problème
    Une question
    Peut avoir
    Différentes bonnes réponses.

    Vannes le 1er mai 2021
    Virgile ROBALLO
     
    ***

    Mon Saint David (Wald taquine son papy David)

     
    Mon Saint David (Wald taquine son papy David)
    « Mon Saint David »

    Ô Mon petit Papy
    Mon Saint David auréolé
    C'est dimanche
    Le clocher t'appelle
    Pour rendre visite à dieu
    Vas, mets ton costume noir
    De la même couleur que tes souliers
    N'oublie pas ta blanche chemise en lin
    Les beiges chaussettes en laine te vont si bien !

    Mon petit papy
    Mon saint David auréolé
    Tu es si joliment habillé !

    Gare à toi, il ne faut rien tâcher
    Mais t'as intérêt à te dépêcher
    Faire, faire très attention
    À ton Petit Lys tout blanc

    C'est ainsi que papy appelait sa Rachel
    Dévouée au pays de lait et miel

    Elle va t'échapper de la main
    Tomber dans les bras de monsieur le curé.
    Mais il est presque midi !
    C'est l'heure
    Mais tu n'entends pas les cloches
    À la messe ! Allons à la messe !
    Trouver ta Rachel, mon adoré Papy !

    Vannes
    Virgile ROBALLO

    #Posté le vendredi 14 mai 2021 19:49

    Modifié le samedi 15 mai 2021 22:44

    « Prière d'un intégriste Satanalazariste en 1961 »

    « Prière d’un intégriste Satanalazariste en 1961 »
     
    « Prière d'un intégriste Satanalazariste en 1961 »

    Oh Notre dame de Fátima
    Reine du Portugal et notre mère
    Tu es descendue sur notre terre
    Mais c'est la Sainte Russie tu veux sauver
    De tous ces rouges bolcheviques
    Matérialistes et sans dieu
    Leur place rouge infâme
    Ne pourra jamais supplanter
    Notre place blanche et son âme !
    Oh ! Notre dame de Fatima
    Reine du Portugal et notre mère
    Et de notre Église entière
    Tu nous demandes de saints sacrifices
    Beaucoup de prières pour la sauver.
    Que tous tes vœux soient exaucés !
    Amen ! »
    Oh Salvé Marie, reine du ciel, dans cette même année de 1917 tu as choisi notre Portugal notre humble village de Fátima pour demander à ce pays et au monde de prier pour la conversion de la Russie et de lutter contre l'orgueil sanguinaire des athées bolcheviques.
     
    Amen !

    Sainte Marie a élu notre pays pour indiquer le chemin fait de prière, de sacrifice qui mène à Dieu. Par la pauvreté et l'humilité nous avons l'obligation de combattre cette Europe corrompue par la modernité, l'orgueil et ces autres choses bizarres qu'ils nomment démocratie, laïcité, socialisme, communisme et autres absurdités. Notre chère patrie est le rempart de la citadelle divine qui brille dans l'abîme de la colline.

    Amen !
     
    Extrait tiré du roman  "Il était une fois un loup spécial ...
     
    Virgile ROBALLO
     
    ***

    Qu'il est étrange ! ...

    Qu'il est étrange ! ...
    « Que c'est étrange cet ange
    Saint et Soldat ! »

    Mais c'est étrange

    Saint Gabriel Archange
    De Dieu fidèle messager !

    Et toi ô vaillant Saint Michel !
    Général des divines armées
    Pourquoi autant de sang
    En nom de ta divinité ?

    Ô Michel !
    Général du royaume du ciel
    - Le Paradis de lait et miel -
    Engaine tout de suite ton épée
    Point de guerre mais des fontaines d'amitié

    Ô Michel de tous les torts
    Comment ! Comment ! Comment !
    Peux-tu être soldat et saint
    L'un est apôtre de la vie
    L'autre condamne à la mort

    L'Hypocrisie dans le mensonge
    Est la morale des plus forts ...


    Mais c'est très étrange
    Saint Gabriel Archange
    De Dieu fidèle messager !

    Et toi ô vaillant Saint Michel !
    Général des divines armées
    Comment ! Comment ! Comment !
    Peux-tu être soldat et saint
     
    Virgile ROBALLO
    ***

    ******

    Eole le dieu grec du vent

    Eole le dieu grec du vent
    « Éole, le dieu grec du vent »

    Ma Bien-Aimée
    Tu sais bien qu'il passe plus facilement,
    En ce moment,
    Le maquereau et le chinchard à travers les mailles
    Que sur notre table de sentiments
    Viande ou cochonnaille...
     
    Dit, En  cette jolie Bretagne
    Un malheureux proverbe, sans faille

    Et...Ma Petite Pensée
    Éole souffle si fort
    Si seulement il pouvait s'essouffler
    Il semble prendre plaisir

    A gifler nos idées et nos corps
    Mais arrête Éole de nous étouffer
    Nos âmes sont déjà des girouettes fatiguées
    Flottant tristement à ta merci.
    Tes morsures sont des sillons ouverts
    Dans notre chaire torturée
    Donne-nous de répit et de grâce
    Rien que pour un instant.
    S'exalte encore ma Bien-Aimée
    En riant, mi-figue, mi-raisin :

    Te rends-tu compte Mon amie. Nous sommes maudits par le destin et détestés par ce diable de Dieu Éolien. Il s'introduit avec colère entre les multiples orifices,

    Des plaies de cette fenêtre
    À la chaire ouverte
    De nos corps
    De nos cœurs
    De nos âmes.

    Si nous passons le doigt dans son carreau cassé,
    Nous y verrons le présent et notre avenir brisé
    Nos douleurs et colères
    Provenant de l'enfer des blessures
    Meurtrières...
     
    Vannes le, 11 mai 2021
    Virgile ROBALLO
    ***
    *
    Le Rêve de grand-père
    Tant bien que mal Papy se réveille. Il sort en titubant d'un long rêve qui dura plus que le temps de l'examen.
    - Quel cauchemar étrange. Mais où est mon Wald ?
    La réalité c'était qu'avant de parvenir à l'étape finale des examens du mois de juillet il a eu au moins quatre années d'une préparation où il a fallu sauter par une myriade d'obstacles les uns plus infranchissables que les que les autres.
    En effet tous les maîtres, présentaient les meilleures et mieux remplies petites têtes de toutes les écoles des villages du Canton de Soutugal. Elles étaient brunes, noires, blondes, couleur châtain, bien peignées, en brosse, en bouclettes ou avec la respectueuse et disciplinée raie latérale.
    L'on dirait de petits anges contents d'avoir mangé tout le sucre et les nombreuses gourmandises que le ciel accorde aux petits enfants sages. Ainsi parlait sœur Rachel au catéchisme.
    Pourtant tout au long de ces quatre ans, depuis le « b, à ba » du début et ensuite l'amoncellement de faits historiques, de textes épiques sur Dieu, sur la patrie, sur la famille, mais aussi de problèmes de géométrie, de calcul, de tables de soustraction, de division, tout dû être gravé sur les stèles de la boîte crânienne des petites têtes.
    Bien sûr, pour faire pénétrer tout ce bon savoir dans ces belles petites têtes il a fallu beaucoup d'ordre, d'autorité, de discipline, d'hymnes au garde à vous, beaucoup de prières, messes et chapelets.
    Cela ne pouvait se faire que grâce à une pluie quotidienne et bienfaisante de coups d'une baguette de bois de cognassier que tombaient généreuses pendant quatre bonnes années.
    Seulement ou presque Sœur Rachel en avait assez de ces pluies et de cette grisaille qui assombrissait l'âme et fendait le cœur. Mais que pouvait une religieuse servante de dieu devant tout un village dirigé d'un bon pouvoir divin par le père Trampoline ! N'était-il pas au nom du grand chef et de dieu le pasteur du village ?
    - C'est un devoir patriotique et de bon catholique que chaque petite tête sélectionnée, sache sur la pointe de la langue, tout le programme officiel. Sinon où va-t-on ?
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    #Posté le samedi 22 février 2020 15:17

     

    Modifié le samedi 22 février 2020 15:37

    L'examen du certificat d'études de Wald 313

     
    L'examen du certificat d'études de Wald 313
     
    Location Vacances Bretagne
     
     
     
     
    "L'examen"
    Tant bien que mal Papy se lève. Il sort péniblement d'un sommeil lourd et fécond.
    - Quel cauchemar étrange. Mais où est mon Wald ?
    De la salle du 1er étage, la porte entrouverte, laisse passer un léger courant d'air, en même temps que des voix rauques suivies d'une voix d'argent :
    - Quelle est la racine carrée de 1926 ?
    - Quelle est la superficie du Portugal ?
    - Comment fut nommée la 1ère dynastie ?
    - Quels sont les noms des fleuves et montagnes du Portugal ?
    - Le Portugal est-il une démocratie ?
    - Non Monsieur le Professeur d'histoire et géographie. Le Portugal n'est pas un pays de mous, ni de désordre, ni de gens sans loi ni foi ! Le Portugal est un pays d'ordre, de respect, d'autorité garantis par une noble et forte dictature dont le chef est notre bien aime le Dr Salazar.
    - Justement Monsieur Wald, qui est-ce le Doutor Antonio de Oliveira Salazar ?
    Se mettant au garde vous Wand continue à répondre comme un perroquet.
    - Le docteur Salazar est le plus grand homme d'état portugais de tous les temps, il est le grand chef qui a toujours raison, il sait d'où il vient et il sait où il va. Il est plus grand, plus grand que dieu, que ...
    - Oui ! Oui ! Presque ! Mais pas tout à fait, Monsieur Wald. Dieu est au-dessus de tout. Corrige l'examinateur de religion et morale. Mais continuons suggère le chef de jury légèrement offusqué qui tenait à montrer qui était le chef.
    - Notre belle patrie gouvernée par son excellence le Dr Salazar est-elle un petit pays ?
    - Oui Monsieur le professeur ? Un froid semble glacer la salle qui transpire de chaleur. Puis Wald se reprend d'un air sérieux.
    Pas du tout Monsieur ! Le Portugal est grand, très grand grâce à ces illustres, guerriers, navigateurs, conquistadors, grâce à tous ces grands portugais comme le Dr. Salazar. Après une pose il reprend avec assurance.
    - Le Portugal est grand Monsieur le professeur. Il va du Minho jusqu'à la lointaine île de Timor en passant par l'Afrique, l'Asie et l' Océanie. Le Portugal a conquis le ...
    - Très bien, Très bien Monsieur Wald. Maintenant récitez votre poésie :
    - Et quand est-ce que ce gamin va réciter le Notre père qui est aux cieux ! Vous exagérez collègue ! S'insurge le prêtre et professeur de religion et morale.
    - Pas le temps Monsieur le curé. Regardez le nombre de candidats. Puis faisant un geste d'impatience.
    - Votre poésie Monsieur Wald. Pressons ! Allez ! On vous écoute !
    Et le petit Wald comme un petit canari se mit à épiloguer :
     
    *** 
     
    « Oh mon village ! »
    Le bien nommé Soutugal
    Oh Mon Village, mon village natal
    Tu es le plus joli du Portugal
    Au nord, tes terres grasses abreuvées par le Freixal
    Au sud tes vergers inondés par le Côa
    Il n'y a pas un autre village comme toi.
    Comme j'aimerais être de tes terres le laboureur
    Avoir le juste pain quotidien
    Vivre dans la paix et la grâce de ton Seigneur !
    Des jolies collines coiffées aux eaux couleur argent
    Des vallées parfumées aux fleurs bleues de lin.

    Oh mon village, mon village natal
    Tu es le plus beau du Portugal !

    Comme j'aimerais avoir les dons de Camões
    Chanter humblement tes beautés
    Sillonner la mer verte de tes collines et tes vallées
    A bord d'une fière caravelle
    Et montrer à tout le Portugal !
    La gloire de mon village natal !
     
    ...... //.....

    Une partie du public au fond de la salle s'assit, applaudit et on entendit ce  tintamarre jusqu'aux quatre coins du Portugal.
     
    Mais une autre partie, la plus nombreuse, se leva et cria en silence :

    -    Qu'ils arrêtent de nous bassiner avec ce nationalisme, ce patriotisme de pacotille, et cette autosatisfaction de pauvreté chrétienne.
    Tout cela s'entendit dans tous les coins du monde entier.
     
    Janvier 2020
     
     
    Le cauchemar de grand-père   312
     
    Location Vacances Bretagne
     
    Mes écrits sont un regard critique d'un certain passé historique de la Péninsule Ibérique. Je les voudrais simples comme le sage papy et beaux comme le petit Wald .Mais c'est une fiction !  Lisez-les selon la numérotation et laissez des commentaires !

     
    Extrait de: « Il était une fois ...»
     Un Loup Très Spécial
     Qui mangeait les fleurs des bois d'Espagne
    Et croquait les enfants des villages du Portugal »
    par Virgile ROBALLO
     
    Rêve ou cauchemar de Grand-père
    Il est 9h. Le soleil déjà tout débraillé et en sueur, chauffe à tout va cette matinée du début de juillet.
    Grand-père cavalier au cœur si vaillant, devant carabinier, policier ou douanier sent maintenant son cœur s'emballer et perdre les étriers.
    Mieux mettre pied à terre pour ne pas tomber. On dirait que le don Quichotte de la Raya vient de prendre 10 ans de plus. Tout en prenant appui sur la rambarde il va s'assoir, à l'ombre bien en haut de l'escalier intérieur, qui monte au 1er étage de l'école Municipale de Soutugal. Il s'efforce de garder prise en concentrant son regard sur le sable blanc de la cour, toute vide. Mais la lumière vive qui s'en dégage lui fait fermer ses paupières. Est-il en vie, est-il en train de dormir, de rêver ou cauchemarder ?
    Il semble accuser le coup. Ce n'est pas facile pour ce papy de porter en gestation pendant 4 ans, au cours du Ce1, Ce2, Cm1, Cm2, comme femme enceinte, tout cet espoir déposé sur son fils Claudio, sur sa bru Virginia, qui disparurent d'une mort brutale en Angola. Tous ses espoirs retombent sur son petit-fils, le petit Wald de son cœur. En ce moment de la matinée son petit est en train d'accomplir quelque chose de plus que son examen de fin d'études primaires.
    Et celui qui n'est plus le tout jeune David est un grand-père, le cœur tantôt au galop, tantôt au trot et même dans ses chaussettes. C'est qu'aujourd'hui, il est grand-père, papy, mais aussi père, mère et même grand-mère !
    - C'est un mystère cher lecteur et lectrice.
    Toute la famille est en lui, dans une seule et unique personne, pour son Wald.
    Papy David est aussi, en ce moment, diverses identités. En ce jour d'été papy, mi assis, mi allongé sur l'escalier de l'école de Soutugal sommeille profondément. Il semble naviguer tranquillement dans son sommeil comme poissons de rivière nageant sans se presser pour atteindre la mer
    Puis bien endormi, grand père laisse aller son rêve vers d'autres contrées. Il louvoie simultanément entre le présent et le passé.
    Rêve de papy, es-tu cette tragédie de la tauromachie qui se décline en trois unités : le passé, le présent, et le futur !
    Il voit en rêve son petit wald, un petit taurillon au centre de l'arène en train de subir les banderilles de ses examinateurs comme s'il s'agissait de la fête brave de la tauromachie aux arènes du Campo Pequeno à Lisbonne.
    Après l'émotion, la fatigue, l'angoisse, papy se retourne, il se vautre sur l'escalier, comme taureau de corrida après l'estocade. Un léger souffle brise un ronflement de gargouille bouchée. Rêve au cauchemar, il galope à bride abattue à travers les espaces et le temps.
    Serait-il maintenant ce taureau paissant tranquillement dans les verts pâturages en bordure du fleuve Coa ! On dirait qu'il rumine avec une marguerite blanche au cœur jaune. Est-il homme au taureau ? Est-il David ou Wald ? Papy se retourne encore tout en continuant à parcourir le royaume des songes.

    L'idée d'un taureau avec une marguerite blanche au cœur d'or pendant de son museau, prend forme dans son inconscient. Serait- elle la mémoire de ces vertes prairies, de ces herbes grasses du printemps ? Il s'en est donné du bon temps, en sautant, en courant des espaces, en respirant cet air pur au milieu de la nature. Quelle vie !
    L'étable, l'enclos, l'herbe sèche sentant l'enfermé et le moisi, ce n'était pas pour lui. Il n'était pas n'importe qui. Il était un taureau, aux qualificatifs nobles de brave et sauvage.
    Mais ce taureau est-ce lui ou son Wald ? Un brouillard dans les idées le laisse dans le doute. Mais où est-il dans la prairie ou dans l'arène ?
    Le fier taureau écorne tout ce qui passe à sa portée. La rage de ses cornes acérées envoya au diable une silhouette. Comme un vrai taureau qu'il était, il rasait tout sur son passage. Pourtant au moment où il ne s'y attendait pas une banderille lui perce profondément les chaires. Son sang en jets saccadés rougit abondamment le sable blanc enveloppé dans une nouée de poussière. Mais qu'est-ce que sait que cette douleur terrible qui l'étouffe. L'idée de la mort surgit et le trouble. Puis se reprenant.
    - Mais ne vaut-il pas mieux vivre pendant quatre ou cinq ans sans patron, ni maître, dans la liberté des près et mourir debout en luttant dans l'arène que vivre comme un veau opprimé dans l'étable pendant six mois et mourir comme un lâche sous le couteau de l'abattoir ?
    Petit taureau en nage, se moque de la mort après avoir vécu la vie. Dans un ultime regard au seuil de la mort, mais le sang lui trouble déjà la vision, il croit apercevoir en haut de la tribune un écriteau en lettres rouges sur fond doré.
    « Se dijo el toro antes de morir, Qué pena dejar este Mundo sim probar las pipas Fagundo »
    Ce qui donne dans ta langue cher lecteur : Alors le regard éteint, il se dit : Quel dommage de laisser ce monde sans avoir goûté les bonbons Rubiconde.
     
    Vannes le 1er janvier 2020
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    #Posté le mercredi 01 janvier 2020 20:38

     

    Modifié le lundi 03 février 2020 11:54

    La selle de Manuel Cigano, le gitan 311

    La selle de Manuel Cigano, le gitan 311
     
    Location Vacances Bretagne
     
    Mes écrits sont un regard critique d'un certain passé historique de la Péninsule Ibérique. Je les voudrais simples comme le sage papy et beaux comme le petit Wald .Mais c'est une fiction !  Lisez-les selon la numérotation et laissez des commentaires !

    extrait de:« Il était une fois ...

     Un Loup Très Spécial
     Qui mangeait les fleurs des bois d'Espagne
    Et croquait les enfants des villages du Portugal »

    Manuel Cigano, le gitan
    Il demande à Zè-Luis, l'employé agricole, de seller le lusitanien et les 2 mules avec les selles des jours de fêtes celles qui avaient été joliment faites par un gitan au nom de Manuel Cigano.
    Les traits du visage de celui-ci rappelaient ceux de ses arrières ancêtres, provenant de l'Inde, mais aussi mélangés à ceux d'Egypte, pays où son peuple était passé jadis.
    Manuel, le gitan était un homme imaginatif dans la conception et le décor de son ouvrage. Un connaisseur ne pouvait pas confondre son travail avec celui d'un autre maître dans la matière.
    Lors de la conception de ses selles, Manuel y exprimait sa personnalité et même l'histoire inconnue de son peuple. Les trois ou quatre selles qu'il avait faites pour les montures de mon grand-père, avaient la forme d'un gros cœur dont la partie arrière était ronde et celle de devant se terminait par une pièce en métal en forme de T.
    Lorsque la monture franchissait le seuil de la porte, et qu'elle passait de la pénombre de l'écurie à la lumière du jour, ce T, en cuivre doré, en plus de servir d'appui au cavalier, réfléchissait une lumière où l'on apercevait par éclats les couleurs de l'arc-en-ciel.
    Ce flash de lumière attirait en premier les regards de l'observateur attentif, ensuite emprisonnait admiration de ses yeux et après, les emmenait hypnotisés vers les décors de la couture latérale qui faisait le tour de la selle. Ce décor était un joli point de croix qui donnait vie et éclat à une ligne en lin de couleur verte du côté droit de la couture et une autre ligne rouge du côté gauche. En son milieu plus étroit et plus mince courrait une ligne jaune qui rehaussait l'harmonie des trois couleurs de la république au grand bonheur de grand-père. Cette grande couture reliait les deux parties de la selle. Celle du bas était faite d'un cuir couleur naturelle, souple, doux au toucher et adaptée à la morphologie particulière du dos de chaque monture.
    Il était hors de question, impensable même, de ne pas seller une monture avec sa propre selle et cela au risque de blesser l'animal. De toute façon si vous ne respectez pas ces règles simples, la bête vous le fera vite savoir d'une manière ou d'une autre. Chaque animal a sa morphologie, sa personnalité, son langage, son caractère que le bon cavalier se doit de bien connaître. Sinon au lieu de vous donner son amitié la monture, qui n'est pas bête, mettra votre comportement irrespectueux par terre.
    La partie supérieure de la selle était faite d'un cuir teinté de couleur bordeaux plus résistante, elle était modelée selon la morphologie du cavalier ou de la cavalière. C'est qu'un cavalier et sa monture dans leur démarche ne doivent faire qu'un.
    A ce sujet, soit dit en aparté cher lecteur, il y a même des historiens qui se laissent aller à penser que l'harmonie du cavalier conquistador espagnol et portugais, dont la selle y est pour beaucoup, campés fièrement sur leur monture, ne faisant plus qu'un, a contribué à berner les indiens d'Amérique sur leurs intentions réelles !
    Mais, cher lecteur, ce qu'il est permis de dire en guise de véracité, c'est qu'il était tant le cœur que Manuel, le gitan, mettait dans l'exécution de son ouvrage, qu'il ne serait pas juste à son égard de ne pas remarquer la belle association entre les lignes des coutures de la selle avec le mouvement et la démarche élégante de papy chevauchant avec fierté son lusitanien en ce jour de l'examen de Wald.
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    #Posté le vendredi 27 décembre 2019 11:00

     

    Modifié le lundi 03 février 2020 11:55

    Comme un canard sans tête ! 310

    Comme un canard sans  tête ! 310
     
    extrait de "Il était une fois un loup spécial ...
    ...  A l'aube de ce 3 juillet 1955 grand-père sauta du lit. Il en avait assez de se tourner et se retourner encore. Le sommeil n'arrivait pas. A quoi ça sert d'attendre celui qui ne veut pas venir. L'on ne peut pas faire boire un âne qui n'a pas soif se dit-il en lui-même.
    Mais pourquoi cette nuit d'été lui semblait pourtant plus longue que celle de la Saint sylvestre ?
    Pourtant en cette saison de l'année les nuits sont extrêmement courtes. Les corps des villageois travaillent du lever au coucher du soleil au village. Ce n'est pas le temps de se reposer et tout sommeil est peu.
    C'est le temps de cueillettes et moissons. Les corps moulus par le dur labeur manquent de repos. Mais personne n'écoute leurs plaintes :

         -   On n'est pas encore couchés que l'on doit déjà se lever !

    Pourtant, le corps de grand-père ce jour-là n'était ni fatigué, ni manquait de sommeil. En ce jour de juillet, il y avait chez lui une force incroyable, un instinct que le poussait vers la petite ville de Soutugal. Pourquoi ?

    Cher lecteur, chère lectrice, l'on dirait que tu ne sembles pas comprendre la raison de cette frénésie de grand-père. Pourtant tu connais mieux que quiconque ses qualités, ses défauts ainsi que la motivation principale de sa vie. Alors pourquoi laisser ta réflexion en attente d'une réponse qui te tomberait tout droit du ciel!  Rien ou presque rien ne tombe jamais du ciel, sauf peut-être de la pluie. Allons donc avance, de par tes pas, résous toi-même les énigmes de toute vie, celle de grand-père, de Wald, mais aussi la tienne.

    Maintenant prends  le fameux petit tabouret de Wald, assieds-y, deviens pour quelques instants l'enfant que tu as été aussi et écoute ce qui suit :

    Pour célébrer les fêtes de Noël, il était courant dans le village de Wald, que la maitresse de maison décapite, une poule ou un canard. C'était une scène assez macabre. On pourrait même arguer qu'il s'agit d'une maltraitance barbare infligée à un animal. Certainement que ces arguments ne sont pas sans fondement et sans doute faudrait-il trouver une mort plus douce à ce pauvre animal.

    Bien sûr lecteur qu'il y a des morts inhumaines et condamnables, voir inutiles, dont il faut en finir. Pourtant dans le sacrifice de cette poule ou de ce canard, il y a en lui, la résurrection de notre vie. Celle-ci est une mort qui donne la vie !  La vie tu m'entends !
    Mais mettons ce débat important de côté pour le moment.

    C'est que le petit Wald lorsqu'il eut l'occasion d'assister à la dite scène ne se posa aucunement ces questions prématurées pour son âge. Il ne vît que le côté drôle et incompréhensible de la situation.
     
    En effet si par mégarde la maitresse de maison, le plus souvent son papy,  lâchât le canard, après l'avoir décapité, celui-ci s'échappait en courant en direction du poulailler !
     - Comment cela est-il possible s'était demandé Wald en lui-même !

    Mais cher lecteur, revenons à ce jour très matinal du mois de juillet, un des plus beaux jours de papy. Et chose étrange, papy se comporta, comme le canard de Noël !
    Son corps ne réclamait pas le repos du lit, à partir en chevauchant à toute hâte son lusitanien, afin de rejoindre sa tête à lui qui était depuis la veille en compagnie de son petit-fils à Soutugal !
    Son Wald y passait avec brio et tranquillité l'honorifique examen de certificat de fin d'études primaires !

    Mais tu l'avais déjà bien deviné, cher lecteur.
     

    La vie est plus dure qu'un os ! 309

    La vie est plus dure qu'un os ! 309
    La vie plus dure qu'un os
    Bien sûr il n'était pas totalement aveugle. Un bon contrebandier doit même voir clair dans l'épaisseur de la nuit. Il en savait quelque chose. N'avait-il pas déjà usé les sabots bien ferrés par Manuel le Gitan de cinq chevaux, à traverser la frontière clandestinement ? Toujours par un temps du diable et des chemins où Jésus n'aurait jamais osé passer. Les troupeaux de vaches, de moutons, de porcs il fallait bien les diriger à travers champs, montagnes, les dissimuler dans le maquis loin des yeux avides et rapaces des carabiniers espagnols. Sinon c'était laisser aller à l'eau-vau toute une semaine d'un travail de forçat. Les temps étaient plus durs qu'un os !
    La contrebande se faisait obligatoirement toute l'année, mais particulièrement l'hiver. Il n'avait rien d'autre à faire ni dans le village ni alentour et il fallait bien manger. C'est qu'un estomac vide ne te laisse pas en paix et plus il est vide et plus il réclame et crie sa révolte. Il exige, impose, te harcelle comme l'autre de Lisbonne.
    En plus du vent « sieiro » continental, soufflant du ventre enneigé de la Castille, un froid glacial, à couper au couteau, vous fouette le visage, vous givre les sourcils, vous brule la pointe du nez, vous congèle les autres parties du corps que la bonne morale ne permets pas ici de mentionner.
    De ces temps-là papy gardait des souvenirs horribles. Qu'on ne vienne pas lui dire, à lui, que la vie avant était meilleure. Dépassant déjà ses quatre-vingt-dix automnes, ces cauchemars d'antan inondent encore sa mémoire de ses noires.
    Même la vie des bêtes était plus douce que celle des contrebandiers. Eh ! Le pire de tout, c'est que parfois le gain de la contrebande se perdait dans la besace des négociants malhonnêtes, d'autres fois dans le bissac des carabiniers espagnols ou dans la gibecière des douaniers portugais.
    Pourtant ce que lui faisait le plus mal c'était peut-être cette voix de peur, imprécise qui le taquinait chemin faisant avec les bêtes. Elle était aussi négative, hésitante, se disputant dans le plus profond de son être avec une autre plus positive, plus avenante, plus rayonnante, plus téméraire qui, heureusement, l'emportait le plus souvent. C'était cette dernière qui faisait de lui ce qu'il était ou ce qu'il croyait être. Il ne le savait pas vraiment, même s'il la questionnait sous toutes ses coutures.
    Parfois grand-père marchait au cul du bétail comme un zombi. Résultat de la fuite constante à la peur, manque de sommeil, angoisse, stress. Des nuits de marche dans le noir de la nuit, mais le sourire du clair de lune n'était pas vraiment le bienvenu. Celui-ci faisait de tout le monde une cible facile aux fusils des carabiniers.
    Il arrivait que Grand-père aux premières lueurs de l'aube, parfois plus endormi que réveillé, dominé par la fatigue fut dérrangé par une question à brule pourpoint de la part de ses compagnons :
    - David ! “Estàs a pensar no Sezudes?”. Sezudes était un mot populaire du parler de la Raia, un terme pas vraiment précis dans sa signification. Cela devrait dire approximativement, David es-tu en train de divaguer derrière le troupeau ?
    Mais le contrebandier également à cheval en tête du troupeau n'avait jamais la chance de pouvoir s'assoupir ou de baisser sa surveillance, bien au contraire. Il devait choisir le chemin le plus sûr, le plus court et surtout être capable de parer aux innombrables dangers. Il fallait avoir l'oreille fine comme le loup, l'odorat affiné comme un chien de chasse, la vue du rapace, la ruse du renard, l'intuition et le sens de l'orientation d'un chat. Et bien sûr avoir pour monture un malin cheval lusitanien retraité des « touradas » et être un bon cavalier.
    Toutes ces aventures périlleuses de contrebandier au long de longues s années avaient donné à grand-père un certain savoir, une excellente pour comprendre le monde, analyser les gens, démasquer les intrigues et même dévoiler les combinaziones et corruption de Lisbonne, mais aussi du chef-canton la petite ville de Soutugal.
    Grand-père savait mieux que quiconque que, celui qui a le couteau et le fromage entre les mains, le coupe et le partage comme il veut. Grand-père ne se faisait pas d'illusion, il savait que la plus grosse part du fromage irait aux gens de pouvoir et de quelque savoir et aux lèches bottes qui les soutenaient.
    Dans ces moments-là sa sœur lui revenait en exemple. Sa sœur elle, vivait à la ville elle, achetait des livres elle, lisait des journaux, tous les journaux, les bénis du régime et même les maudits qui arrivaient clandestinement de l'étranger. Sa sœur était différente. Elle était Madame l'institutrice. Elle avait du savoir et du pouvoir
    Il devait se l'avouer. C'est cela qui lui manquait à lui. Il ne pouvait pas accepter que son petit-fils en soit privé une fois adulte.
    Grand-père voulait espérer un avenir meilleur pour son Wald. Grand-père avait aussi envie de rêver. Papy avait envie de voir de ses yeux courir à bride abattue ce cheval que monterait son petit-fils. Il le voyait déjà instituteur, même professeur diplômé de l'Université de Coimbre, marié à une femme avec la tête sur les épaules. Que son cœur le protège de ces femmes transparentes peinturées comme des poupées russes et rien dans la ciboulette.
    Peut-être que son petit-fils lui ferait accepter la mort tragique du père et de la mère de Wald. Voir la vie poursuivre la lignée de la famille...

    #Posté le mercredi 25 décembre 2019 11:39

    Modifié le mercredi 25 décembre 2019 11:55

    Savoir est pouvoir ! 308

    Savoir est pouvoir ! 308
    Mais savoir est pouvoir.
    Pourtant malgré le don de parole réel grand-père était hanté par un certain malaise, voir complexe de ne pas avoir fréquenté assez l'école. Lors des conversations de rencontre de famille à la Toussaint, à Noël ou à Pâques il souffrait d'une sorte de domination de la part de sa sœur ainée, l'institutrice. En plus du verbe, celle-ci était une vraie encyclopédie.
    De plus elle avait une aisance pour tirer au clair ce qui était caché avec ruse entre les lignes de la combine politico-religieuse de Lisbonne et les chemins tortueux et glissants du curé du village, le père Trampolin. Dans une conversation, quel qu'il soit le calibre des protagonistes, sa sœur ne se laissait jamais vendre de la farine de seigle pour de la farine de blé.
    Dans ces moments-là, grand-père ne pouvait pas cacher la fierté d'être le frère de sa sœur. Il l'admirait en tant que sœur et encore davantage comme femme.
    - Ma sœur est une femme qui sait séparer le blé de la paille !
    L'idée des études de son Wald, qu'il portait dans son sang et qu'il martelait dans sa tête lui couteraient la peau des fesses, comme lui faisait remarquer sa radine de femme. Mais qu'importe ! Coûte que coûte son petit-fils irait au lycée et pourquoi pas ensuite à l'université. Il n'était pas libre de parler dans ce pays du Gogoland, mais personne ne l''empêchera de rêver. Je veux rêver du mieux et du meilleur pour mon petit-fils, mon petit Wald. Puis à voix haute répondant à l'avarice de sa femme :
    - Le meilleur héritage que nous pouvons laisser à nos enfants c'est les études. Le savoir est la plus grande richesse des hommes !
    - Ton fils ? Mais il est mort dans ce pays de terroristes sauvages.
    - Wald est mon petit-fils. Il est deux fois mon fils. Je te l'ai dit moult fois. Tournant le dos à la femme dont les paroles étaient toujours acides il pleura la mort simultanée, douloureuse atroce de son fils Claudio et de sa bru Virginia en Angola lors de la révolte contre le régime autoritariste de la métropole au printemps de 1961.

    ***

    #Posté le mercredi 25 décembre 2019 11:38

    Modifié le mercredi 25 décembre 2019 12:07

    Fier de lui-même ! 307

    Fier de lui-même ! 307
    Fier de lui-même ?
    Grand-père était fier de son Wald, mais également de lui-même. Mais il était hors de question de le montrer d'une manière ostentatoire. C'est qu'il avait avec les autres une relation d'ouverture et il était conscient que chacun avait dans sa personnalité des atouts et des faiblesses. Pourtant en le regardant avec attention, on voyait bien qu'il se plaisait à donner de lui une image d'un homme malin et débrouillard. En effet, il se débrouillait presque toujours pour dénouer la corde infestée de quelques mauvais crabes, aussi bien du village que de la petite ville proche de Soutugal, qui prétendait étouffer avec quelque loi ou ruse les pauvres villageois.
    C'est vrai aussi que, sans avoir fait de grandes études, celles-ci n'étaient que pour les enfants dites de bonne famille, grand-père avait différentes cordes à son arc.
    Il était paysan, commerçant en bétail, laboureur, charpentier, contrebandier, conteur, mais aussi un tantinet syndicaliste, incroyablement anti-cureton, diablement non-satanlazariste et grand pratiquant de l'amitié avec presque tout le monde.
    Comme paysan, sa relation avec la terre était d'ordre sentimental, amicale, sensuelle presque féminine. L'art du laboureur lui venait naturellement de son âme. Dans une main douce l'aiguillon, dans l'autre ferme l'araire, il dirigeait avec goût la paire de bœufs tout en dessinant dans le champ de labour des sillons tout droits qui laissaient bouche bée d'admiration les passants.
    En toute occasion, mais essentiellement au cours des longues soirées froides et enneigées d'hiver, entre amis et la bonne humeur, autour d'une poêlée de châtaignes grillées animées par une cruche de vin qui se laissait boire, grand père était l'admiration de tous par ses dons de parole , dans l'humour et l'imagination.
    Comme un poisson se mordant la queue, le conte donnait du rêve aux enfants, l'opinion ouvrait les yeux aux aveugles, les incartades comiques faisaient rire les femmes, l'habit de monsieur Trampoline, le curé du village, ne faisait pas de lui un moine, le grand chef du pays plus diabolisé que sanctifié devint Satanlazar pour l'éternité. Tout jeu, débat ou idée pendant la sacrée soirée prétendait oublier tous les malheurs du village dans la risée.
    Mais les lendemains des jours de pluie, après avoir pris un petit verre d'eau de vie grand-père sentait l'appel de la terre. Il partait pendant des heures sans prévenir personne. C'est qu'il rendait visite aux terres fraîchement labourées. Il parlait de l'odeur de cette terre comme s'il s'agissait d'une femme en couches. Il la prenait dans la paume de sa main, la caressait de ses doigts, s'imprégnait de sa chaleur humide et ensuite la laissait tomber tout en la caressant entre ses doigts. Quelques secondes de silence s'écoulaient et comme s'il parlait à quelqu'un il disait d'une voix rassurée :
    - A la Saint Pierre, nous allons avoir des pommes de terre grosses comme des citrouilles et la chère douce comme le ventre d'une femme.
    ***

    #Posté le mercredi 25 décembre 2019 11:38

    Modifié le mercredi 25 décembre 2019 12:00

    Wald fera des études ! 306

    Wald fera des études ! 306
    Wald fera des études
    Dans la tête de grand-père la décision était prise. Son petit Wald fera des études. Il était inimaginable que son petit-fils reste au village dans l'ignorance, victime des railleries méprisantes de la ville. Il ne sera pas la risée des fonctionnaires administratifs de la Mairie de Soutugal !
    De la Foire de Sao Pedro aux premiers jours de juillet, le temps avait passé très vite. Presque aussi rapidement que la traversée du maigre fil d'eau estival du Coa en sautillant de pierre en pierre. Pas besoin, en cette saison, d'aller rattraper le pont à une bonne trotte de là. Cependant il était hors de question de rater une pierre et de mouiller les rustiques chaussures, mais tellement précieuses. Elles étaient inusables à vie. En effet, Manuel Pires, considéré un génie au village venait de faire une invention. Au lieu de continuer à faire les traditionnels sabots, il eut l'idée de remplacer la semelle en bois, par une semelle découpée à partir d'un vieux pneu de voiture. Le gamin le plus espiègle et satané ne pourrait jamais venir à bout de la robustesse des nouvelles chaussures. Mais le nom de cordonnier sciait mal à Manuel Pires, car les dites chaussures n'étaient nullement cousues avec la moindre corde mais avec un fil, dur comme du fer, fait à partir de poils de cochon noir enduits de cire.
    Grand-père se passant les mains sur sa tignasse blanche en guise de peigne ne pouvait pas ne pas se sentir fier de sa décision à l'égard de l'avenir académique de son petit Wald.
    Il voyait déjà son petit-fils monter sur l'estrade pour recevoir son beau diplôme de fin d'études primaires. Il porterait les chaussures faites par Manuel Pires, bien soignées, avec les chaussettes en coton blanc tricotées par sa tatie. La couleur trancherait avec le pantalon noir tout en s'associant à merveille avec la blancheur de la petite chemise à manches courtes.
    Wald, son petit-fils, aurait l'air d'un beau et vrai monsieur.
    ***

    #Posté le mercredi 25 décembre 2019 11:36

    Modifié le mardi 14 janvier 2020 12:55

    Maria da Fonte (305)

     
    Maria da Fonte (305)
    Maria da Fonte
    Grand-père portait en lui depuis de bonnes années une révolte contre cette paix qui tournait le pays vers arrière, tandis qu'ailleurs l'on courrait vers le progrès économique, social et politique. Il se rendait compte que le pays était de plus en plus isolé du reste du monde et que les gens, en particulier à la campagne, n'avaient pas d'avenir.
    - Un jour on finira avec cette paix qui sent la bouse de vache fraîche ! Prodigua-t-il.
    C'est que l'agriculteur qu'il était, imaginait une petite révolution sentant l'air pur de la campagne à 6 heures du matin. Combien de fois pendant la sieste, à l'ombre fraîche du frêne bordant la petite place d'en bas du village, n'avait-il pas rêvé d'une révolte à la Maria da Fonte !
    En effet, au printemps de 1848 cette femme du peuple mit sur sa poitrine décolletée un œillet aux couleurs de la future République de 1910. Elle provoqua un soulèvement populaire contre l'autoritarisme du gouvernement de Costa Cabral, mais pas uniquement, car cette révolte avait une forte composante féminine. C'est pourquoi elle resta dans l'histoire connue sous le nom de Maria da Fonte.
    Selon les lectures de Grand-père cette rébellion, féminine et paysanne, est partie de la municipalité de Povoa de Lanhoso, bourgade située dans le haut Minho, puis s'étendit petit à petit à tout le nord du pays finissant par emporter comme une inondation de printemps l'ensemble du Portugal.
    La force populaire de ce mouvement finit même par avoir la peau du gouvernement, mais également d'influencer par la suite l'engagement de papy. C'est ce que le petit Wald crut découvrir bien après la montée de grand-père au Limbe où il doit continuer à pousser des gueulantes à l'égard de Satanlazar.
     

    A la Mairie de Soutugal (304)

    A la Mairie de Soutugal  (304)
    Maria da Fonte (304)

    Grand-père portait en lui depuis de bonnes années une révolte contre cette paix qui tournait le pays vers arrière, tandis qu'ailleurs l'on courrait vers le progrès économique, social et politique. Il se rendait compte que le pays était de plus en plus isolé du reste du monde et que les gens, en particulier à la campagne, n'avaient pas d'avenir.
    -              Un jour on finira avec cette paix qui sent la bouse de vache fraîche ! Prodigua-t-il.
    C'est que l'agriculteur qu'il était, imaginait une petite révolution sentant l'air pur de la campagne à 6 heures du matin. Combien de fois pendant la sieste, à l'ombre fraîche du frêne bordant la petite place d'en bas du village, n'avait-il pas rêvé d'une révolte à la Maria da Fonte !
     En effet, au printemps de 1848 cette femme du peuple mit sur sa poitrine décolletée un œillet aux couleurs de la future  République de 1910. Elle provoqua un soulèvement populaire contre l'autoritarisme du gouvernement de Costa Cabral, mais pas uniquement, car cette révolte avait une forte composante féminine. C'est pourquoi elle resta dans l'histoire connue sous le nom de Maria da Fonte.
    Selon les lectures de Grand-père cette rébellion, féminine et paysanne,  est partie de la municipalité de Povoa de Lanhoso, bourgade située dans le haut Minho, puis s'étendit petit à petit à tout le nord du pays finissant par emporter comme une inondation de printemps l'ensemble du Portugal.
    La force populaire de ce mouvement finit même par avoir la peau du gouvernement, mais également d'influencer par la suite l'engagement de papy. C'est ce que le petit Wald crut découvrir bien après la montée de grand-père au Limbe où il doit continuer à pousser des gueulantes à l'égard de Satanlazar.
    Sur le mur du hall d'entrée de la Mairie de Soutugal la carte du pays accrochée au mur n'avait pas la forme d'un taureau, mais d'un rectangle. C'est que l'on était au Portugal. Mais c'était là la seule différence. Comme en Espagne lecteur, tu peux voir le Crucifix au milieu, à gauche le portrait d'un Satanlazar te regardant à te faire peur, à sa droite le portrait d'un vieux général qui n'osait pas te regarder.
    - D'un air hautain et même méprisant l'employé de l'Etat Civil se montrait au guichet comme un dictateur de plus dans cette campagne peuplée de gens humbles et dociles. En l'observant se comporter à distance l'on pourrait imaginer qu'il était là, à la fenêtre du guichet, uniquement pour rabaisser son public et rappeler à ces ploucs, à ces ignorants frontaliers que le « V » de vache, ne se prononce pas comme le « B » de bourricot.
    Et comme si ce n'était pas assez de montrer son air méprisant, il éprouvait un plaisir indicible à considérer ces campagnards comme des imbéciles. Si son adrénaline nerveuse montait, il pouvait même les traiter d'ânes et d'autres noms d'oiseaux. En d'autres occasions il optait pour se donner un air sérieux de dieu tout puissant, mais parfois d'un rire narquois, il se voyait comme un docteur de l'Université de Coimbra, il faisait la leçon à ces hommes et femmes humbles qui auraient pu être ses parents.
    Certainement que parfois illuminé par les discours moralistes, paternalistes, nationalistes, patriotiques, autoritaires de Satanlazar il devait sentir en lui un devoir de messager biblique de mettre dans le bon chemin tous ces tordus, même à coups de pieds, ou de bâton s'il le fût.
    En d'autres occasions il devait sentir monter en lui la vocation d'instituteur. Dans son cartable des livres d'histoire, de géographie, de morale, qui avaient fait des preuves depuis plus de quarante ans, dans ses mains une canne de bambou afin de réveiller les têtes attardées des 50% d'analphabètes de la Raya et même du reste du pays à l'abandon.
    Néanmoins il n'était pas moins sûr qu'un tel sens de devoir et de zèle ne se termine pas au camp de Tarrafal au Cap Vert ou dans une des bonnes prisons du pays. C'est que Satanlazar avait à de moult fois averti :
    - Je ne veux pas de docteurs dans mon pays, mais des gens de paix capables de travailler nos champs et nos campagnes.
     

    Wald fera des études ! 306

    Wald fera des études ! 306
    Wald fera des études
    Dans la tête de grand-père la décision était prise. Son petit Wald fera des études. Il était inimaginable que son petit-fils reste au village dans l'ignorance, victime des railleries méprisantes de la ville. Il ne sera pas la risée des fonctionnaires administratifs de la Mairie de Soutugal !
    De la Foire de Sao Pedro aux premiers jours de juillet, le temps avait passé très vite. Presque aussi rapidement que la traversée du maigre fil d'eau estival du Coa en sautillant de pierre en pierre. Pas besoin, en cette saison, d'aller rattraper le pont à une bonne trotte de là. Cependant il était hors de question de rater une pierre et de mouiller les rustiques chaussures, mais tellement précieuses. Elles étaient inusables à vie. En effet, Manuel Pires, considéré un génie au village venait de faire une invention. Au lieu de continuer à faire les traditionnels sabots, il eut l'idée de remplacer la semelle en bois, par une semelle découpée à partir d'un vieux pneu de voiture. Le gamin le plus espiègle et satané ne pourrait jamais venir à bout de la robustesse des nouvelles chaussures. Mais le nom de cordonnier sciait mal à Manuel Pires, car les dites chaussures n'étaient nullement cousues avec la moindre corde mais avec un fil, dur comme du fer, fait à partir de poils de cochon noir enduits de cire.
    Grand-père se passant les mains sur sa tignasse blanche en guise de peigne ne pouvait pas ne pas se sentir fier de sa décision à l'égard de l'avenir académique de son petit Wald.
    Il voyait déjà son petit-fils monter sur l'estrade pour recevoir son beau diplôme de fin d'études primaires. Il porterait les chaussures faites par Manuel Pires, bien soignées, avec les chaussettes en coton blanc tricotées par sa tatie. La couleur trancherait avec le pantalon noir tout en s'associant à merveille avec la blancheur de la petite chemise à manches courtes.
    Wald, son petit-fils, aurait l'air d'un beau et vrai monsieur.
    ***
     
     

    Mais qu'est-il devenu le vieux ? (303)

    Mais qu’est-il devenu le vieux ? (303)
     
    Patience! Patience! Cher lecteur, je vois ton regard inquiet se tourner vers moi pour me demander ce qui est arrivé au vieux homme. Mais pourquoi me demandes-tu ce que ton imagination te dit. Tu peux ne pas te contenter de ce que je te dis ou de ce que l'on dit.
    Monte sur ton cheval, comme Don Quichotte et parcours entre les lignes l'histoire de ton pays. En manégeant ta monture va par les blanches terres de la Manche, fais au petit trot un détour par El Toboso. Mon cher lecteur, tu y trouveras surement une Dulcinée ou alors un Sancho Panza, qui peste l'odeur d'oignon, réclamant le titre de gouverneur d'une île.
    Ne reste pas là attendre midi à 14h.
    Mais pour le moment prends ton mal en patience, fais-moi confiance. Un jour, si la mémoire ne me joue pas un tour, je reporterai ici, avec fidélité toute cette histoire qui te laissera émerveillé, mais aussi assoiffé de cette eau limpide et fraîche de la fontaine de mon village que je buvais en été.
    Je te laisse imaginer le, et glou, et glou...
    Le plaisir et aussi le goût
    Ô mon lecteur ! Et pardessus tout
    Viens boire ce délicat coca de chez nous!
    Lecteur ami ! Mais combien de fois dois-je te dire qu'il faut lire entre les lignes et imaginer ce que n'est pas écrit ! Ne te laisse pas mener comme un mouton sans tête par de belles paroles. Tu sais bien qu'à côté de la fontaine il y a des eaux imbuvables, tu sais bien qu'à côté des palaces il y a des taudis, qu'à côté de ceux qui savent tout, il y a ceux dont on dit qu'ils ne savent rien.
    Prends le cheval Lusitanien de grand-père contrebandier, croise la frontière. Mais fait très attention de ne pas être ni vu, ni attrapé sinon ton dos pourrait le regretter.
    En effet je ne voudrais pas qu'il t'arrive la même mésaventure qu'à Wald. Ecoute ce qu'l va te dire:
    Un certain dimanche de printemps chez papy le pain manquait et l'argent encore plus. Il se plaignait également d'une jambe et me dit :
    - Mon petit homme, monte le Lusitanien et va acheter deux ou trois miches de pain de l'autre côté. En Espagne c'est moins cher ! Mon petit cavalier ne veut-il pas faire plaisir à son papy ?
    - Oh mon papy ! Bien sûr que si !
    Papy n'avait pas encore finit sa demande que j'étais déjà en train de celer son cheval. Mais voyant que la celle était encore trop lourde pour mon âge il vint m'aider avec une indicible reconnaissance puis il ajouta.
    - Allez va Wald, mais fait bien attention aux carabiniers !
    J'ai fait plus qu'attention. A l'allé il ne eut aucun problème, mais au retour quand je m'y attendais le moins Le lusitanien se cabra et je tomba à terre. Un carabinier mal fagoté dans son uniforme vert-kaki me crie.
    - Halte là contrebandier ! Qu'as-tu à déclarer ?
    - J'ai acheté deux miches de pain pour mon papy !
    - T'as acheté ou volé ? Descend tout de suite de ta bourrique ?
    - Mais c'est un cheval Monsieur. C'est le cheval de mon... je n'avais pas eu le temps de finir ma phrase qu'un coup de bâton, suivi d'autres, tout au long de mon dos, me fit voir les étoiles à midi.
    - Fils de pute, tu laisses ce pain espagnol en Espagne et tu fous le camp tout de suite dans ton pays de merde !
    Je me suis relevé comme je pus, pris les rênes de Lusitanien et m'en alla en larmes qui anesthésiaient un peu ma grande douleur. Je voulais mourir.
    Fais attention lecteur à ton dos, car par les temps changent et tu pourrais être pris pour le vieux ou te trouver un jour dans la situation de wald
     
    ***
     

    Allah Akbar (302)

    Allah Akbar   (302)
    Allah Akbar
    Mon petit Wald, depuis quelques instants, je suis assis là, près de toi sur cette pierre recouverte de mousse. Elle est douce comme du velours. Cependant le chemin à travers toutes ces péripéties historiques, malgré la beauté des vallées et montagnes de la Raya est pénible et fatigant. C'est pourquoi de temps en temps je m'arrête et me repose tout en contemplant la beauté de ce pays. Mais depuis une bonne demi-heure ce n'est pas le paysage de la sierra que je regarde, mais ton visage qui me semble un peu dubitatif et un tantinet fatigué aussi.
    - En effet papy, c'est que l'histoire du vieux rebelle est encore une de tes fictions engendrée par ton imagination ! Insinua Wald pas sûr de ce qu'il affirmait mais plutôt pour avoir une réaction.
    - Il n'y a pas de fumée sans feu. Mon Wald l'histoire est vraie puisque je l'ai inventée pour toi. Répondit grand-père d'un ton rieur, puis avec du sérieux dans le regard.
    - Wald, le vieux eu tort de parler comme il le fit à l'égard de tous ces braves gens. Mais il dit vrai quand il parle du fameux portrait de la Mairie de Ciudad Don Rodrigo! C'est bien le portrait du plus grand propriétaire. Il possède tout, il dirige, tout, il impose, ordonne, commande tout et tout le monde sans avis et sans partage dans ce pays.
    - Mais pour qui tu me prends papy? Cela n'est pas possible ! Où a-t-on vu autant de puissance et d'autoritarisme ?
    - Ouvre les yeux Wald, ce n'est quand même pas rien, mets-toi ça, dans ta petite colline déboisée, l'on dit de lui que c'est le plus grand Général, le plus grand Savant, le plus grand, des grands d'Espagne, le plus grand homme d'état de tous les temps !
    - Qui dit cela papy ?
    - Sa propagande Wald ! Sa..
    - C'est quoi la propagande ? Papy, j'ai 10 ans ! Tu sembles l'oublier ! Mais le plus, le plus grand, le plus grand, Allah akbar ! C'est Dieu ! Puis d'un air malin et incrédule.
    - Dieu est partout. Il est à l'église, au village, au gouvernement, à table, dans les champs, dans les usines de ce pays s'il en avait, dans les vies de tous et de chacun, dans ... Mais regardant dans les yeux son papy Wald amadoue le ton de sa voix.
    - Quel dieu ? Tu crois à cela Wald ?
    - Papy, mais tu me prends pour le galicien simplet faucheur de nos foins l'année dernière?
    Papy surpris par de tels propos hocha la tête. Puis un petit sourire naquit dans ses lèvres. Cela semblait vouloir dire que wald était bien le petit fils de son grand père.
     
    Extrait de "Il était Une fois..."
    Virgile ROBALLO
     
     
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         ***
     

    Jalousie et droleries de Wald

    Jalousie et droleries de Wald
    Tatie Sofia je t'aime
    Si j'avais pu me marier avec ma tatie, elle aurait vu le beau mari que j'aurais fait. En quelque sorte je le devins quelques années après quand j'allais dans mes 14 ans.
    En effet, son mari l'idiot, comme l'apostrophait quelques fois sa femme, osa dire tout haut, à la sortie de la messe dominicale, ce que l'on n'avait même pas le droit de penser à l'égard de Satanlazar. Cette gaffe lui valut le lundi, à 6h du matin, la visite de la P.I.D.E. la police secrète du grand chef de Lisbonne et du Portugal après Dieu et un séjour de presque six mois à la prison de Péniche.
    - Bien fait pour lui ! Quand la tête n'a pas de jugeote c'est le corps qui paie.
    Et je suis même allé plus loin dans ma rancœur. En effet, j'ai osé penser que mon oncle recevait la juste punition de ses méchancetés et de ses injustices à mon égard en ce qui concernait mes chamailleries avec ma chipie de cousine.
    Devant mes airs de vengeance et de satisfaction mon papy, devina la pourriture de mon cœur, il me dit d'un ton sec tout en me faisant signe de fermer la bouche au venin de vipère.
    - Ma petite crapule, ce qui arrive à tonton n'est pas le fruit du hasard, mais le fruit de la sainte grâce du curé, le père Trampoline. C'est lui qui l'a dénoncé en haut lieu. Mais bouche cousue, sinon tu iras aussi joindre tonton à la prison de Péniche.
    Comme je n'ai pas décousu ma bouche, je ne suis jamais allé rejoindre tonton à Péniche, bien que pendant une semaine ou plus, cela m'a valu quelques nuits de sueurs et de cauchemars.
    Ma tante depuis ce lundi-là ne traitait plus son mari d'idiot, mais parlait de lui avec des mots doux à la crème et au chocolat. Cela me mettait vraiment de mauvaise humeur, car j'aurais voulu que ces mots soient pour moi. De plus, elle avait perdu cet air de femme aimante, rieuse, taquine, joueuse qui me rappelait maman. Dans l'affaire je n'ai gagné qu'une femme triste et avare de paroles.
    Le comble c'est qu'elle se servit de moi pour remplacer son mari dans le travail des champs. Elle me fit travailler comme un cheval de labour. Papy insinuait qu'il fallait aider cette femme dans sa détresse.
    - Elle est quand même ta tante cette vaillante femme. Mais moi je restais persuadé que je travaillais dans les champs plus durement que ne le faisait son idiot de mari.
    - Ils me prennent vraiment pour une bête de somme. Travail, Travail et ni nourriture qui vaille, ni considération. Me disais-je avalant ma colère.
    En effet, à peine arrivais-je à la maison revenant de l'école à 16h30, qu'il fallait repartir déjà dans les terres avec elle, pour arroser les champs de pommes de terre, de maïs ou sarcler les chants d'haricots. Mes mains devenaient de plus en plus calleuses et parfois le soir mon dos était aussi moulu que la paille de seigle après le battage.

    ***

    Cher jeune lecteur, chère jeune lectrice, l'un et l'autre vous devez me comprendre et même me défendre. Écoutez donc l'injustice dont je fus victime quand j'avais 11 ans et demi si mes souvenirs sont bons.
    Le moins que je puisse dire lecteur, c'est que ma cousine, la sacrée petite garce, n'avait pas froid aux yeux, même lorsque le vent « sieiro », vent du nord très sec et froid en hiver, givrait les sourcils des gens et transformait les habitants du village en fantômes.

    ***
    Le jeu du ballon de tonton
    Eh bien, une fois ma cousine et moi jouions à cache-cache, amicalement et joyeusement chez elle. C'était un samedi après-midi d'été. La plupart des gens faisaient la sieste habituelle, bien ancrée dans les habitudes du village. Celui qui osait aller à l'encontre de la dictature, non pas de Satanlazar, mais du soleil était traité de débilus, car il devait avoir la cervelle seiche. Par contre mon oncle et ma tatie ont dû aller chez Monsieur le curé, comme chien la queue entre les jambes pour recevoir un sacré savon. C'est que ma tatie avait osé mettre une blouse rouge avant la fin du deuil de la mort de mes parents. Nous les enfants on n'avait rien à faire des traditions du village. Ma cousine et moi étions surtout contents de pouvoir faire ce que l'on voulait sans le contrôle de qui que ce soit et aussi d'avoir toute la maison à nous deux. Dans ces moments de grande liberté nous profitions pour fouiner dans des coins réservés aux adultes. La curiosité nous piquait davantage. Tout d'un coup je suis tombé sur un trésor.
    - Karina, mais c'est quoi cette drôle de chose, regarde c'est visqueux, l'on dirait un gros verre de terre. C'est dégoûtant, dis-je étonné et surpris à la fois.
    - Fais voir, dit de sa voix de chipie ma cousine. Elle me prend la chose du bout des doigts, étonnée par la douceur. Elle tire dessus et dit :
    - C'est doux et élastique l'on dirait une tripe pour faire du boudin blanc.
    - Fais voir ! Dis-je, étonné.
    - Attends, dit-elle, il y a une ouverture d'un côté.
    - Laisse-moi voir. C'est moi qui l'ai trouvé. Dis-je
    - Non. Regarde, c'est un ballon, dit-elle en soufflant dedans.
    - Il a une forme très drôle.
    En même temps, je lui arrachais la chose de ses mains en faisant valoir ma force masculine. Je n'allais quand même pas me faire dérober mon trésor.
    Au fur et à mesure que je soufflais dedans, ma cousine riait de plus en plus. Moi je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez.
    - On dirait le zizi de papa le matin ! S'égosillait-elle amusée, puis me lançant à la figure. Tiens prends le par la tête. Tu ne vas quand même pas avoir peur d'un ballon. Quel froussard !
    - Non ! Je n'ai pas peur, dis-je, me donnant un ton de voix téméraire, mais à l'intérieur de moi j'avais une certaine crainte de la tripe. Je ne riais pas du tout. Effrayé comme si j'avais un serpent dans les mains, je me suis débarrassé au plus vite de la chose dégoûtante et répugnante.
    - Mais ça vole Vaval. Regarde ! N'aies pas peur ! Ce n'est qu'un zizi !
    Elle regonfla à une vitesse incroyable le zizi de papa en latex et le lança en l'air dans ma direction d'un petit coup de la paume de la main.
    - Ça va tomber ! Mais tape dessus nounouche !
    Je ne pouvais pas rester là tout timide à ne rien faire. Prenant le peu de courage qui me restait à deux mains je me suis lancé avec un semblant de plaisir dans le jeu. Pendant une bonne dizaine de minutes nous avons à tour de rôle lancé en l'air le joli ballon, nous amusant et riant comme des fous. Mais à un certain moment, elle a estimé qu'elle l'avait envoyé en l'air moins de fois que moi. Tout d'un coup, et d'une manière inattendue, elle se mit à pousser des hurlements, comme un malheureux cochon auquel on aurait voulu ôter la vie. Je lui dis en la repoussant légèrement :
    - Mais arrête de crier ! Tu me perces les oreilles avec tes cris.
    Sans m'y attendre le moins du monde, elle se mit à hurler encore plus.
    - Papa ! Papa ! Il m'a frappée. Il m'a fait mal !
    Joignant la parole à la ruse, elle se tordait par terre à cause d'une douleur imaginaire, ne se rappelant pas que ses parents étaient absents. Ils étaient en train de prendre en pleine figure le savon du père Trampoline.
    Devant ses cris je ne savais plus que faire. Allais-je détaler devant son père qui prenait toujours sa défense ? Comme je n'entendais pas la voix menaçante de mon oncle je me suis dit cette fois-ci je vais vraiment la frapper pour de vrai. Malgré ma colère je n'ai pas mis mon désire à exécution. C'est que je me suis rappelé d'une phrase que ma maitresse d'école répétait souvent :
    - Les femmes on ne les touche qu'avec des fleurs !
     
    extrait de (page 46) Il était une fois...
    Virgile ROBALLO
     
    ***
     

    Un vieux rebelle 301

    Un vieux rebelle 301
    Un vieux rebelle
    - Quelle bande de sauvages ! Mais regardez là-haut sur ce mur en chaux blanc, juste à côté de la carte d'Espagne et du crucifix. Même les aveugles le voient. Quelle misère ! Vous n'êtes que des moutons ! Des ignorants aveugles ! Comment est-ce possible ? Mais regardez !
    Le vieux certainement autant déçu que furieux par l'attitude passive des badauds brisa en deux le bâton qui l'accompagnait. Mais ce geste d'éclat ne fit bouger la petite assistance.
    Personne ne voulait ni regarder, ni écouter, ni prêter attention à ses paroles. C'est que la peur s'était enroulée à leurs tripes et remontait comme un serpent dans la pensée de chacun et paralysant tout le monde.
    - Regardez ! Le portrait en noir et blanc ! C'est votre propriétaire ! Bande d'esclaves soumis. Vos vies lui appartiennent. Tout ce que vous faites, tout ce que vous pensez, tout ce que vous êtes est à lui. Lui seul décide pour vous et pour tout, bande de moutons ! Un silence de panique commençait à faire fuir dans un brou abra étouffé la petite assistance
    - Mais ne partez pas bande de lâches ! Vous ne savez pas ! Puis redoublant de colère
    - Est-ce possible que dans cette Espagne un enfant, une femme, un homme, un cheval de picador, un taureau des grands domaines d'Andalousie, un saint des myriades d'églises de ce pays, une bigote des chapelles d'Avila, un moine, un moineau, un chien et tout ce qui bouge ne sache pas qui est...
    Le pauvre vieux n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Quatre policiers, au visage vert comme leurs uniformes, plaquèrent le vieux contestataire au sol dans un bruit sourd, lui firent avaler un cri de douleur et à sa vie mordre la poussière.
    Tout se termina aussi vite qu'un éclair. Une seconde après plus de policiers, ni de vieux. Tombés du ciel, les uniformes verts, sont repartis aussi vite, mais en enfer.
     
    ***
     

    L a Retirada 1939 (page 300)

    L a Retirada  1939             (page 300)
     
    La Retirada
     
    (En 1936 Francisco Ayamonte Franco -admirateur d'Hitler , Mussolini, Salazar...- provoque un coup d'état contre la démocratie espagnole. En 1939 après 3 ans de guerre les républicains espagnols furent battus par les troupes franquistes. Ceux-ci n'ont d'autre  choix que de se réfugier en France, mais dans la France de Pétain....)

    ...... - De Bretagne Manulito ! Vous connaissez ? Vous avez visité ? Vous...
    - L'on raconte qu'à la fin de la guerre, beaucoup de républicains, pour échapper à la vengeance des vainqueurs fascistes, nationalistes et intégristes cathos, se réfugièrent en France. Il y a eu beaucoup de morts, beaucoup d'atrocités, beaucoup de misère et aujourd'hui ce que vous voyez...
    - Oui Manulito ! Ce fut ce que l'on appelle la Retirada.
    - Vous avez entendu parler de cela ! Vous connaissez ?
    - Oui, je m'intéresse à l'histoire de votre pays et d'après mes souvenirs, car je ne sais pas bien lire, la « Retirada » se fut l'exode des républicains espagnols à la fin de la guerre civile de 36 à 39.
    - Vous imaginez les problèmes ! En effet, 250 000 militaires et autant de civils qui échappent à l'impitoyable répression phalangiste. En même temps en France la situation se complique. Le Front Populaire tombe, et avec Pétain, ce n'était plus pareil ! Des camps de réfugiés s'installent partout, même sur les plages. Les conditions de vie y sont déplorables, pas d'installations sanitaires. Des zones paludiques sont même déclarées officiellement. De février à juillet 1939, 15 000 personnes meurent dans les camps, la plupart de dysenterie, avec un taux de mortalité supérieur à 60%. Ce fut un drame humanitaire. Un grand drame pour tous ces pauvres, Señor Manulito !
    - Vous me surprenez Monsieur, je découvre avec vous les chiffres de cet fuite ! Puis, il y a eu la deuxième guerre mondiale.
    - En effet, la plupart de ces réfugiés ont été enrôlés dans des groupements de travailleurs étrangers en France. Fin 1940, 200 000 travaillaient dans de tels groupements, 75 000 dans les fortifications, 25 000 dans les rangs du travail forcé de l'organisation Tod de l'Allemagne Nationale-socialiste, 20 000 dans les mines et l'agriculture, le restant dans les usines.
    De plus avec l'entrée en guerre de la France en septembre 1939 s'accentua la répression et certains de confession juive furent déportés vers les camps d'extermination nazis...
    - Pauvres españolitos. Que c'est inhumain de devoir fuir son pays. Mais ici après la guerre personne ne parla de cela. Tout fut étouffé. Moi je croyais savoir et finalement je ne savais presque rien sur cette tragédie de nos républicains espagnols en France. Il a fallu que je découvre vraiment ce drame national par la bouche d'un étranger. Puis après un silence
    - Oh ! Monsieur ! Mon cher Monsieur ! Vous ne pouvez pas imaginer à vous entendre combien je regrette de ne pas savoir lire.
    - Je vous comprends. Mais Manulito, vous savez lire un peu et il n'est jamais très tard.
    - Si peu et comme moi beaucoup dans ce pays. On était si pauvre pendant la guerre que l'on n'était pas encore né et il fallait déjà fossoyer la terre avec nos parents. L'école n'était pas pour nous et où est-ce qu'il y a des écoles pour les misérables ?
    - Je sais cela señor Manulito ! Mais je voudrais attirer votre attention sur ce qui suit.
    Si La Retirada a été une fuite des républicains espagnols fuyant les massacres des nationalistes à la fin de la guerre avec ses drames et tragédies, elle a constitué ensuite un apport humain et culturel pour le pays d'accueil. Le sud de la France et pas uniquement, a bénéficié d'un poids démographique auquel s'ajoute un poids économique très concret. On y rencontre beaucoup de choses, beaucoup de personnes, beaucoup de noms teintés de la musique de chez vous.
    - Aujourd'hui encore Manulito, combien de gens de par le monde ne sont-ils pas obligés de fuir leur pays pour des raisons semblables à La Retirada ?
    - Oui je vois Monsieur ! C'est aussi pour cela que j'adore votre pays. Ôh ! Votre France. Il paraît que l'on y respecte les gens d'en bas comme moi. Ici, non. Puis il ajouta avec un sourire de rêve sur les lèvres :
    - Liberté ! – Égalité ! – Fraternité ! Droits de l'Homme ! Scande Manulito, comme un soleil républicain radieux en roulant les « R », envieux des paroles qu'il continuait de marteler encore. Puis il ajouta les yeux brillants. Quelle chance vous avez en France Monsieur ! Ça doit être beau de pouvoir vivre sans se cacher, sans peur, librement !...
     
    Extrait...
    Virgile ROBALLO
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    #Posté le samedi 07 décembre 2019 12:37

     

    Modifié le jeudi 12 décembre 2019 21:19

    Le Jardin de la Fontaine (299)

    Le Jardin de la Fontaine   (299)
    Le Jardin de la Fontaine
    ...Malgré cette vaste désolation un homme plus vieux que son âge réussit, non pas sans mal, à trouver un petit coin de paradis. Il fallait bien trouver un refuge pour échapper à la furie du divin soleil. Ce lieu d'un peu de fraîcheur n'était autre que le modeste jardin de La Fontaine de Ciudad Don Rodrigo situé à deux pas de la mairie, dite La Alcadia.
    Le vieil homme en poussant la petite porte en fer forgé aperçu au fond du jardin un banc en bois peint aux couleurs nationales. C'était un petit
    banc tout gringalet et sans âme. Mais le vieux se dit que c'était un bon endroit pour tuer son temps en attendant.
    C'est que le concierge en chef de la Alcadia lui avait refusé l'entrée d'un ton de voix méprisant.
    - Eh ! toi l'idiot du village. Tu ne sais pas lire ? C'est fermé ! Tu n'as pas une montre ?
    - Vous avez raison monsieur je ne sais pas bien lire. Mais l'horloge du clocher n'a pas encore sonné midi ! Rétorque le vieux dans un ton de voix calme comme pour s'excuser.
    - Tous les mêmes sans dieu ni lois ! C'est Fermé te dis-je ! Reviens à 16h30 !
    Que faire sinon attendre. Attendre encore attendre le bon vouloir de ces gens. Il ne lui restait plus qu'à tuer tout ce temps en mâchant avec colère et surtout amertume une paille de seigle qu'il sortit de sa poche de pantalon. C'était un pantalon fait d'un velours rayé, plus que usé, de couleur grise comme la poussière. Toujours le même pantalon été comme en hiver depuis des années.
    Mais voilà qu'un homme, une sorte d'extra-terrestre habillé d'une sorte de pantalon trop court et jamais vu dans les parages, s'approcha :
    - Bonjour Monsieur ! Le banc est petit, mais pourriez-vous me faire une petite place ?
    - Bien sûr ! Comment non ! Asseyez-vous Monsieur ! Avez-vous assez de place ?
    - Quelle chaleur étouffante et nous ne sommes qu'au mois de mai ! Je ne suis pas habitué à tant de chaleur ! Hier j'étais encore sous la pluie et les nuages de chez moi ! Mais que l'on est bien à l'ombre dans ce jardin. Ça rafraîchit un peu l'air le petit jet d'eau de la fontaine.
    - C'est le paradis Monsieur, approuva avec un sourire l'homme assis et sans âge.
    Gilles Sanchez, se sentant en confiance, se lança en espagnol après un court silence :
    - « Qué gente tan poco acogedora, esos los de la Alcadia ! » Ce qui voulait dire approximativement que les employés de la mairie étaient accueillants comme des portes de prison.
    Malgré toute une vie vécue en Bretagne, l'espagnol lui revenait en mémoire sans trop de difficultés pour l'instant. Les automatismes de la
    langue parlée, finiraient bien par se régler tout seuls au fur et à mesure du temps passé en vacances. Puis poursuivant avec un petit sourire amer.
    - Pas aimables à la Mairie ! Je me suis fait jeter dehors comme un chien. L'on dirait qu'ils n'aiment pas les étrangers. Pourtant, je n'avais besoin que d'un petit renseignement. Mais où peut-on manger et surtout dormir ce soir dans ce village ?
    - Ce n'est pas un village, mais une ville, une ville d'histoire. Cette ville s'appelle Ciudad Don Rodrigo. Ah ! Mais c'est une honte Monsieur. Ils font trois fois pire avec nous les espagnols ! Faire ça à des étrangers ! Ce sont des gens sans vraies valeurs. Des señoritos en uniforme et costume cravate, mais sans éducation ! Se comporter ainsi avec des étrangers ! Même si je ne vous connais pas, je vous le dit droit dans les yeux : nous, à la campagne, dans notre Raya, nous ne comportons pas comme ces gens-là.
    Ils nous disent que l'Espagne est notre pays. Mais je vous le dit comme je le pense, nous ne sommes pas de cette Espagne-là Monsieur. Regardez-nous et regardez-les. Croyez-vous que nous leur ressemblons en quoi que ce soit ? Même le regard est différent. Ils nous regardent de haut en bas et nous de bas en haut, sans qu'aucune parole ne soit prononcée. Mais c'est compter sans notre fierté qui jaillit de nous-mêmes comme les eaux des sources du rio Côaa sortant du cœur et des entrailles de notre Sierra de Malcata. Je vous le dis, Monsieur.
    Puis après un petit silence de méfiance.
    - Monsieur n'est pas de la Raya, pas vrai ?
    - Si ! Si ! Si !...
    - Ah ! Je ne vous suis pas. Portugais, Espagnol ? Ah ! Ha ! Ha ! Non ! Non ! Je vois. Ça saute aux yeux. Vous êtes touriste ! Mais d'où vient Monsieur ?
    - De Bretagne, de...
    - Ah ! Grande-Bretagne, Angleterre...
    - Non, non de Bretagne, de France.
    - Mais où ça se trouve? Je ne vois pas. Avec tous ces nouveaux pays indépendantistes...
    - Non, la Bretagne n'est pas indépendante. C'est la France. Bien que certains...
    - Ah ! Ici les Basques, les Catalans, les... Enfin des disputes, des haines, des familles divisées, des ... Non ! Non ! Ce qui nous manque à nous, c'est l'union et la démocratie... Mais que dis-je... Ce n'est pas le moment d'en parler. Surtout pas ici, devant cet édifice. Est-ce que Monsieur aime notre Mairie ? Elle est jolie, n'est-ce pas. Surtout à l'extérieur. On dit que sa façade principale est de style Isabélin. Vous devez vous y connaître en styles. Moi, j'aimerais savoir, mais mon père à 6 ans m'a fait berger. Ma sœur Pilar elle, a eu de la chance, elle a pu apprendre à lire, à écrire, à compter. Aujourd'hui elle ne fait rien ou presque, elle a la chance de passer toute sa sainte journée assise devant le téléphone et une machine à écrire. Elle est secrétaire chez un médecin au village et toutes les fins de mois un salaire. Quelle chance vous dis-je ! Mais je viens à vous, oui, la Mairie est jolie à l'extérieur, car à l'intérieur, il y a trop de gens pas jolis, pas jolis vraiment Monsieur...
    - Vous aimez parler et vous parlez bien ! Mais comment vous appelez-vous si cela ne vous dérange pas ?
    - Mais pas du tout. Tout le contraire. Mon nom de baptême est Manuel. Mon nom, du côté de ma mère, Garcia et du côté de mon père, Rodriguez. Devant vous, Manuel Garcia Rodriguez. Mais au village et pour les amis, je suis seulement Manulito, le barbier, pour vous servir et vous déboiser la colline, si besoin ! Ha ! Ha ! Ha ! C'était pour blaguer ! Excusez-moi.
    Suit un long silence, puis :
    - Ah ! Vous venez de France ! Je vois... J'aime la France....
     
    (Extrait de: Il était une fois un loup bien spécial...")
    Virgile ROBALLO
     
     
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    #Posté le samedi 07 décembre 2019 12:34

     

    Modifié le jeudi 12 décembre 2019 21:21

    Le Castillan Dieu Soleil (298)

    Le Castillan Dieu Soleil  (298)
     
    Le Castillan Dieu Soleil
    ...Nous n'étions qu'au début du mois de mai. Pourtant là-haut, culminant dans le ciel azur, Dieu, le Soleil brillait glorieux et tout puissant sans miséricorde aucune. Il cognait fort sa dure vengeance sur le visage vert et doux des créatures du printemps.
    Depuis la fin février, ce dernier, n'avait fait que rire, danser, chanter, se multiplier. Pendant tout ce temps, animaux, larves, racines, bourgeons, oisillons n'avaient accompli que dépravation, en forniquant comme des lapins !
    Tous les fruits de ce satanique plaisir étaient déjà là sur cette terre dorée de Castille, prêts à manifester la joie de la vie.
    Mais ô nature, quel abus de pouvoir, de perversion, de déchéance, d'arrogance à l'égard de ton divin Soleil si bon et miséricordieux.
    Mais Dieu Soleil tient à montrer sa puissance et sa gloire. Dans une très grande colère, déchire les nuages et punit par le feu, brûle, écrase, châtie caillou, pierre, herbe, terre, animal, moustique, fleur et fontaine. Ô Soleil forte puissante divine que dans son grand déluge de courroux d' autorité, de volonté, de personnalité, l'arrogance ou naïveté de la vie, il veut corriger, dominer, annihiler, anéantir, annuler, détruire, punir.
    - Mais le soleil est Le Soleil ! Nom de dié !
    Déjà le fleuve Agueda n'était plus qu'un fil cassé d'argent. Le bœuf meuglait de soif. Les yeux de charbon de l'âne semblaient se vider dans l'abreuvoir. Il n'y restait plus que l'image de l'eau. Sous ses sabots le sol semblait se dérober. La mouche tournait en zigzague. Elle ne trouvait pas la moindre odeur fraîche de vie même pas dans une buse de vache. L'oiseau chanteur et rieur ne sautillait plus de branche en branche dans l'arbre. La fraîcheur rouge du coquelicot se fanait.
    Nous n'étions qu'au début de l'été, mais la Castille n'était plus que terre brulante devenant pauvre poussière grise...
     
    (Extrait de : Il était une fois un loup spécial...")
     
    Virgile ROBALLO
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    #Posté le samedi 07 décembre 2019 12:27

     

    Modifié le jeudi 12 décembre 2019 21:26

    ! Miercoles ! (297)

    ! Miercoles !   (297)
     
    « Miercoles ! »
    Cependant, en un centième de seconde il fit une horrible grimace de dégoût.
    - « Miercoles ! » cria-t-il de dégoût, mais sans oser prononcer le mot au mauvais odorat de cinq lettres commençant par m....Mais que foutait là cette salope de mouche au fond de la boîte ! Berk ! Pour un peu ! J'espère que cette diablesse d'andalouse ne m'a pas fait avaler une mouche!
    Se sentant coupable il pria dans une excuse :
    - Aïe ! Mon Dieu ! Ces femmes, notre tentation !
    Puis débarrassant son uniforme de la moindre miette, heureusement sans tâche d'huile aucune. Le chef concierge était presque satisfait.
    Presque, parce qu'en revenant vers la porte, il vit son portrait se refléter en entier dans le cadre d'un carreau. L'uniforme noir lui donnait un air d'enterrement et accentuait son visage buriné. Que faire ? Les années ne pardonnaient pas. La cravate, jaune aux rayures rouges du parti phalangiste, relevait pourtant son teint et lui donnait l'image de se sentir quelqu'un. Pourquoi se plaindre ? Bien sûr il ne pouvait pas manger du bifteck toutes les semaines.
    Les sardines étaient là comme témoins. De plus, quand il avait un bifteck, il fallait bien le partager avec sa femme, Conchita. Mais que diable, même s'il ressentait assez souvent des moments de déprime, de vaches maigres, il fallait positiver, positiver toujours, croire dans ce grandissime général, soleil de l'Espagne victorieuse, rayon divin de la très sainte église apostolique romaine.
    C'était vrai aussi qu'il avait le grand privilège et la chance de ne pas travailler sous ce soleil de Satan qu'au mois d'août écrasait toute la Castille. Mais sa grande fierté il la tirait de l'ombre d'une certaine nuit, à Grenade. C'était dans une épaisseur sombre d'une nuit spéciale de 1936 qu'il avait commis «la chose» avec deux autres ! Il avait pris la poudre d'escampette dès le lendemain. Mieux vaut prévenir que remédier.
    Il ne regrettait pas d'avoir quitté ces ploucs de républicains, pas vraiment des espagnols de pur-sang chrétien. Sournoisement, ils restaient toujours des musulmans liés à l'ancien califat de Grenade. Ils n'étaient que des chiens mauresques, sans dieu ni loi, des empoisonneurs de l'eau des fontaines. Des vraies vermines de notre Nouvelle Espagne, voilà ce qu'ils étaient.
    Jamais ! Jamais tant qu'il s'appellerait José Bestamontes ferait confiance à ces faux chrétiens et anti-christs républicains.
    Non, son choix de fuite fut le bon. Il ne le regrettait pas. Ce qu'il pouvait détester ces cocos républicains de tout poil.
    - Notre Généralissime en a éliminé un million, mais il aurait dû en liquider encore davantage. Bande de salopards ! Mais qu'ils crèvent tous la gueule ouverte et les tripes à l'air.
    En tout cas, l'autre, le pédé, le soi-disant écrivain, il paraît qu'il était aussi poète, il a eu ce qu'il méritait. En lui-même, il sourit de satisfaction. Il avait été malin comme un renard de la Sierra Nevada, il avait su partir au bon moment avec sa femme et ses deux mioches.
    Depuis plus de 25 ans, ni vu ni connu. Comme il se sentait bien à Ciudad Don Rodrigo, ville calme où il n'avait jamais de troubles provoquées par la racaille. Que dieu donne longue vie à notre grand chef, qu'il continue à mater de sa main de fer tous ces terroristes du diable.
    - Mais ils ne me font pas peur tous ces dégénérés. Se surprit-il en train de crier à haute voix. Puis il se dit dans un murmure.
    - En cas de problème, pas de soucis il ferait le lièvre. Que Notre Dame del Rocio soit louée!
    Le Portugal de Satanlazar, pays ami, n'était qu'à deux enjambées !

    #Posté le mercredi 27 novembre 2019 23:29

     

    Modifié le jeudi 12 décembre 2019 21:22

    Mas il n'était pas un minable ! (296)

    Mas il n'était pas un minable !  (296)
     
    Mais il n'était pas un minable !
    Il n'était pas un minable ! Les minables c'étaient eux ! Aucun honneur. Ils ne pensaient qu'au fric. Des traîtres au grand idéal de cet espagnol indomptable Mopri de Rivera.
    Un vrai homme qui en avait ! Les autres, il les haïssait tous, tant qu'ils étaient. Il les détestait tout autant que ces sales mouches, qui venaient se noyer sans cesse dans l'huile de ses sardines qu'il mangeait directement dans la boite.
    Pour ne pas attirer l'attention des regards méprisants, il prenait la précaution de s'installer discrètement, presque en cachette, dans un coin de la cour arrière de la Mairie dite La Alcadia. Il était 13h30 passé et la faim le taraudait. C'est que son estomac même avant l'heure du repas criait comme un putois en réclamant les sardines dormant dans des draps jaunes d'huile d'olive dans le creux délicieux de la jolie boite.
    C'était un régal de manger sa petite boite de sardines à lui tout seul. Partager ! Qu'il était croquant ce croûton de pain qui se laissait faire sous ses pauvres dents. Tout ceci bien préparé par sa femme avec un certain sens de devoir et la soumission de la bonne épouse.
    Mais il devait quand même faire attention. C'est que s'il avait le malheur de tâcher son uniforme elle saurait lui passer un savon au même degré de sa soumission.
    S'il était un chacal, elle savait être une hyène. Depuis des années, il avait appris à ses dépens que lorsqu'elle pouvait avoir le dessus il subissait la vengeance de sa soumission cachée. Le croûton de pain noir était alors dur comme les cornes du Diable. Mais il devenait mou, gluant, aussitôt trempé dans cette huile fine et dorée au soleil d'Andalousie.
    Avec ses gros doigts, il avait du mal à racler la toute petite arrête qui restait au fond, mais avec ses yeux il emportait tout le sourire dévergondé de la belle andalouse figée sur la boîte, épaules nues, lèvres charnues, yeux noirs.
    - La boite de sardines ! Mais c'était régal de chef ! Se dit-il l'estomac satisfait. Dios mio ! Mon Dieu ! Que c''était bon, presque un péché de gourmandise.
     

    Mais Il était le chef nom de Dié ! (295)

     

    Mais Il était le chef nom de Dié ! (295)
     
    Il était le chef
    En étant plus jeune José Bentavides avait de l'affection pour le vin rouge de tio Pepe, le soleil d'Andalousie. Mais par constitution physique ou autre raison les vapeurs éthyliques de ce précieux alcool lui montaient à la tête à la vitesse du Talgo Séville-Barcelone. Aussitôt, il pouvait manier el cuchilo ou devenir un pistolero avide de sang au comportement agressif, violent, couronné d'autoritarisme prêt à découdre avec plus faible que lui.
    Plus de vingt ans après, la soixantaine déjà bien tassée, l'on pouvait trouver encore dans son âme un fond de bouteille acide datant de ce temps-là. A peine les administrés campagnards pénétraient-ils dans la pénombre et les mystères sombres de l'édifice, que le chef concierge se donnait du plaisir à leur lancer des pics, mais de manière graduée et administrés selon l'apparence extérieure du visiteur.
    C'est que, pendant son adolescence, son père aussi se plaisait à le rabaisser plus bas que terre et à l'humilier.
    - Eh ! Toi paysan, galicien de las Alpujarras, parle-moi en castillan. En castillan clair et propre ! Tu m'entends ! Ici nous sommes en Espagne, nom de Dieu !
    Ah ! Je ne dois pas le dire si haut. Je ne devrais pas le crier ainsi. Tu ne dois pas. Mais n'était-il pas le chef ? Il fallait que cela se sache, sinon à quoi ça sert d'être chef.
    Un petit écriteau sur le coin gauche de la porte à l'encre noire délavée menaçait :
    - Ne criez pas, je ne suis pas sourd !
    - Oui, chef !
    En effet, il était le 1er chef à partir de la fin et le trentième de la pyramide administrative de la Alcadia de Ciudad Don Rodrigo. Il se tenait là, avec autorité, en travers de la porte d'entrée.
    Son petit uniforme noir, un peu décoloré par le soleil, était propre et bien repassé. Il laissait échapper de son col de chemise ripée un cou de vautour long et maigre, se terminant par une petite tête d'émeu où se débattaient quelques plumes sur les côtés de sa calvitie.
    Il ne se rebiffait jamais contre un ordre venant de plus haut. Ce n'est pas qu'il n'en avait pas envie, mais un ordre c'est un ordre ! Puis ajouta en silence :
    - Un ordre c'est sacré ! Que diable, s'il est donné, c'est pour être obéit. « Puta madre de dios ! » criait-il à haute voix. C'était un gros et laid juron à la mesure de sa colère, mais que l'on pourrait traduire par la jolie expression de papy « non d'une pipe à tabac »! Même si l'ordre nous fait mal, ça ne se discute pas. De plus, à quoi ça sert ! Ceux d'en haut doivent réfléchir pour donner des ordres et ceux d'en bas doivent obéir. Obéir ! répétait-il peut-être pour s'en convaincre ;
    Parfois Satan le harcelait et à ce moment-là il était prêt à désobéir à ceux qui étaient plus haut que lui et à les envoyer tous au diable. C'est qu'il en avait par-dessus son béret basque et en voulait à tous ses nombreux chefs inutiles qui travaillaient, ou faisaient semblant, dans des bureaux commodes faute d'être confortables et pratiques.
    En effet l'argent de Madrilonne n'arrivait qu'à compte-gouttes. Les traces de la guerre étaient encore là et bien là.
    - A certains moments de la journée de travail il les comparait, ceux des bureaux, à une vraie plaie de doryphores s'abattant sur les potagers de pommes de terre situes dans les environs proches de la petite ville. Son propre potager à lui qui l'aidait bien à finir les fins de moi, avait été un cadeau venant d'en haut dû à son zèle à l'égard du régime, un service pas toujours honnête de sa part. Mais on ne mange pas de sa conscience. - Qu'ils aillent au diable, ces fils sans mère !
    Que dieu lui pardonne mais trop c'était trop. C'est qu'il les voyait revenir de déjeuner au restaurant, satisfaits et le ventre plein. Ces « hijos de puta » ces fils sans père osaient traverser la porte, passer devant lui la posture hautaine sans le regarder. Pire, s'ils le regardaient, c'était avec un regard de maître à domestique qui voulait dire : mon pauvre diable, compare ton salaire au mien. Moi, je pèse la valeur de mon salaire. Toi, tu es qui, avec ton salaire de petit concierge, un salaire qui ne se voit même pas dans une main. Te voilà catholique pratiquant, paquiste, phalangiste, nationaliste. Tu te crois un vrai et bon espagnol qui a su choisir son camp en 36 ! Mais regarde-toi, pauvre diable ! Sache que dans la vie, tout est argent, petit concierge. Est-ce que tu as compris, minable !

    #Posté le mercredi 27 novembre 2019 23:26

     

    Modifié le jeudi 12 décembre 2019 21:23

    Dieu Patrie et Famille (294)

    Dieu Patrie et Famille  (294)
    Dieu Patrie et Famille  (294)Image de propagande ! La réalité était bien différente... fuite des gens vers la France et autres démocraties...
     
    Dieu, Patrie, Autorité...

    - Personne ne rentre dans la Mairie de notre Caudillo Paco Bestamontes comme il veut. Patrie, dieu, discipline, ordre, autorité !
    Mais quelqu'un en silence interroge :
    - Où est passé leur respect à notre égard ?
    - Mais regardez-moi comment il est fagoté celui-là ! Quel paysan ! Bougonne le concierge de mauvais poil.
    Puis tirant plaisir de son mécontentement :
    - Eh ! Toi là-bas ! Attends un peu ! Mais où est-ce que tu te crois ? Tu es à la Mairie bonhomme ! Rhabille-toi petit plouc ! Un peu de décence. Tu te crois en train de garder les cochons dans ton bled ? Ne regarde pas ceci avec un air de sauvage du fin fond de la campagne ! Quel bouseux ! Un vrai cul-terreux ! Ce n'est pas une vache qui est à la fenêtre mon pauvre balourd malappris ! C'est la carte de l'Espagne, la Grande Espagne ton pays, avec ses armoiries. Tu comprends ! Son Excellence que tu vois là est notre chef de l'État. C'est le Généralissime, Caudillo d'Espagne, par la grâce de Dieu...
    Il exprima son mécontentement d'un air supérieur :
    - Allons ! Allons ! Sois un Monsieur que diable ! D'ailleurs, tu ne peux plus passer ! As-tu vu l'heure ? Il faudra revenir après 14h. Les bureaux sont déjà fermés, rouspétait entre ses dents Monsieur le Concierge en Chef de la porte d'entrée de la Mairie, el señor José Bentavides.
    - Je vais apprendre à ces péquenauds analphabètes ce qu'est l'heure, ce qu'est la discipline ! Mais se croient-ils dans ces pays mous et corrompus où les pauvres diables comme ce pedzouille mettent des papiers dans les urnes. Il ne manquait plus que cela arrive dans mon pays, ma grande Espagne ! Viva El Paco ! Arriba España aboyait-il, droit comme un menhir et le bras tendu comme un éventail.
    Après un silence ressemblant à une crise de folie étouffée, Monsieur le Concierge en Chef de la Mairie de Ciudad don Rodrigo se surprit tout d'un coup en train de parler à tue-tête.
    Ce qui était étonnant c'est qu'il ne savait plus vraiment sur qui il pestait. C'était sur ces pauvres paysans ou sur lui-même ?
    Il ne savait plus. Par contre il était sûr d'une chose. Il se sentait mieux lorsqu'il faisait des remontrances à plus bas que lui. Ça lui faisait presque plaisir. Oui, c'était cela, un plaisir qui ressemblait à ces orgasmes de femmes de peu de vertu qu'il visitait une nuit par mois et passait toutes les autres à s'en rappeler avec une vicieuse nostalgie.
    C'est que sa femme, Maria de la Concepcion, qu'il appelait par le petit nom de Conchita quand il était avide de crème au chocolat, avait pris l'habitude de le repousser pour un oui ou pour un non. Il ne fallait pas qu'elle s'imagine qu'il allait s'abaisser et tourner autour d'elle, à quatre pattes, les oreilles traînant par terre comme un chien.
    - Je suis un homme moi ! Qué soy un macho coño ! Qué se cree la chiquilla esa. Je suis un vrai mâle ! Mais qu'est-ce qu'elle se croit la gonzesse !
    - Puisqu'elle faisait la garce, la salope, le samedi soir au lieu d'aller de tapas et copitas avec elle, il irait en romeria voir les saintes femmes de la nuit dans leurs propres chapelles ornées de frous-frous rouges aux lumières tamisées où sentait le parfum de la bougie mélangé aux vapeurs fortes de Tio Pepe. Elle ne savait pas quel homme il était Comment ça je n'ai pas le droit ? Je peux boire un verre, deux, trois ou toute la bouteille si cela me chante. La vieille allait voir de quel bois je me chauffe. Comment non ! Mais qu'elle la ferme la sale femelle aux mollets de bique.
    - Mais qu'est-ce qui m'arrive !
    L'on dirait que le Tio Pepe lui montait au visage au lieu de lui descendre dans la panse ballonnée. Le concierge se sentant de plus en plus chef concierge au fur et à mesure que son visage devenait rouge de colère.
    - N'était-il pas un homme d'autorité, de discipline. Un homme, un vrai ! Quoi ! Pas une de ces feuilles de laitue verte de républicains, prêts à faire caca dans leur froc devant le moindre caprice d'une femme. Non, lui était un mâle, un homme pour de vrai. Et il savait le lui montrer ! Son air macho se lisait dans son visage couleur rouge tirant sur du vinaigre:
    - Qué soy un hombre y eso nadie me lo quita coño! Ne suis-je pas un homme ! Nom de mes deux !
    Il avait entendu des ragots, mais il n'allait quand même pas baisser l'échine. Un homme comme lui marche la tête haute et toujours tournée vers l'étoile providentielle de la grande Espagne.
    En effet, sous la protection des lumières fades de la nuit, il savait que ces langues de vipère anti-paquistes avaient osé affirmer, qu'il avait fait du zèle, particulièrement dans l'assassinat d'un soit disant très grand poète grenadin.
    Mais pour lui ce soit disant poète n'était qu'un dégénéré, un pédéraste, un fouteur de désordre, un énergumène au service de la racaille.
    - Tous des fils sans père ! Et la mère patrie ne pourrait avoir dans son noble giron des bâtards matérialistes rouges. Quant à ce prétendu poète, sa tête était un sac de puanteur qui ne devait pas salir les vertus des bonnes âmes chrétiennes. Aucun regret à avoir pour ce salop ! Il avait plus que mérité ce qui lui était arrivé. Bon débarras ! Les mauvaises herbes n'avaient rien à faire dans le beau jardin de notre nouvelle Espagne !

    #Posté le mercredi 27 novembre 2019 23:24

     

    Modifié le jeudi 12 décembre 2019 21:23

    Mais où se trouve la carte de la Raya ? (293)

     
     
    Mais où se trouve la carte de la Raya ?  (293)
     
    Où se trouve la carte de la Raya ?
    (La Raya : C'est une région comprise des 2 côtés de la frontière Luso-espagnole)
    A les entendre parler de leur Raia, l'on aurait dit que ses habitants formaient un peuple, presque une grande nation. Mais sans nationalisme aucun.
    Grand-père, enfilait une chemise en lin sans col de son défunt père, puis ajouta d'une voix douce d'huile nageant dans un fond de vinaigre :
    - Dans notre contrée, pas de nationalisme comme à Lisbonne ou à Madrilonne, mais de l'héroïsme et de la fierté pour une vie de solidarité. Je te prête, tu me prêtes, tu me donnes et je te donne.
    La Raya était une grande famille unie mais divisée en deux parties, la castillane et la lusitanienne.
    Quand les villageois allaient à reculons à la Alcadia, c'est-à-dire à la Mairie de Ciudad Don Rodrigo, ils regardaient avec une curiosité naïve et stupide une vieille carte de l'Espagne en forme de taureau. Elle était là, provocante, accrochée au mur blanc juste devant la porte d'entrée. Les paysans se moquaient de la provocation se demandant :
    - Donde està el mapa nuestro, el de la raya ? Ce qui voulait dire, mais où se trouve la carte de notre pays, la Raya ?
    Mais finalement, ce qui les intriguait le plus, c'était cet aigle de couleur noire au milieu des armoiries, affirmant agressivement : «España Una, Grande Libre » ce qui devrait vouloir dire : Une Espagne Grande et indivisible. Pour ce qui était de l'adjectif « Libre » papy en riait puis il protestait furieux :
    - C'est un pur mensonge ! Puis il ajouta la voix plus calme. Il suffisait de regarder les personnes avec des yeux ouverts pour s'en rendre compte. Point de liberté. Il n'y avait pas de doute là-dessus. Sinon pourquoi les gens vivaient dans la peur de la Guardia Civil. Pourquoi des gens par milliers fouillaient le pays chaque jour chaque nuit ? Pourquoi autant « d'espagnolitos » partaient travailler pour gagner leur pain dans cette soi-disant mécréante France aux mœurs décadentes selon la bonne morale de l'autorité divine de Madrilonne !
    Malgré cela la campagne de la Raya, bénie par le soleil radieux du printemps, se couvrait de fleurs. Les coquelicots sous un arc bleu-ciel dansaient dans leur robes rouges, au gré du vent, au milieu de la vaste mer de blés tendres et verts. On aurait dit l'Eden.
    Les aigles planaient nombreux, heureux et silencieux dans le ciel azur. Mais personne n'avait jamais vu ou entendu un aigle dire des sottises pareilles comme celui de la Alcadia. Par contre, après avoir regardé à deux fois si les rues étroites de la ville n'avaient pas d'oreilles, ils murmuraient dans un silence indulgent:
    - « Esta gente de las Alcadias y de Madrilonne se dan aires de gente bien, pero son muy tontas ! » Ces gens représentants du pouvoir se donnent des airs de gens bien, mais ils sont surtout bien stupides !

    #Posté le mercredi 27 novembre 2019 23:11

     

    Modifié le jeudi 12 décembre 2019 21:24

    Mais pourquoi Maman ? (292)

     
    Mais pourquoi Maman ?  (292)
     
    ...En même temps grand-père se rappelait, comme si tout cela datait de la veille au soir, c'est-à-dire  la litanie de sa sœur qui aboutit à la tragédie qui tu vas découvrir ci-dessous cher et ami lecteur :
    - Mais pourquoi, maman, dois-je faire toute seule la vaisselle ?
    - Mais pourquoi David ne la fait-il pas aussi.
    - Pourquoi papa ne balaie jamais la maison ?
    - Mais pourquoi, maman, nous, les femmes mangeons-nous toujours debout et après les hommes ?
    - Pourquoi nos hommes ne nous respectent pas, ni comme mère, ni comme sœur, ni comme femme, ni comme...
    - Mais pourquoi ? Pourquoi maman ? Pourquoi ...

    Une gifle, puis une autre, puis une autre encore. Les mains de la mère claquaient sur le visage brûlant de sa fille comme le feu d'artifice du 13 mai 1917 en honneur de Notre Dame de Fatima éclatant et illuminant en même temps le ciel de ce pauvre et affamé lieu-dit de la Cova da Iria.
    Grand-père, pas celui que je connaissais aux cheveux blancs, mais celui de la photo sur le buffet, en noir et blanc, le regard jeune et séduisant accouru affolé :
    - Mais maman regarde dans quel état je suis ! J'étais en train de traire les vaches et vous ici dans la cuisine en train de vous battre comme si on était à la guerre des chiffons. Mais que s'est-il passé ici ?
    Puis se rendant compte de la gravité du drame, il s'approcha de sa mère en pleurs, comme si c'était elle qui avait pris les coups, d'un mouvement décidé il essaya de la calmer dans ses bras.

    ***
    - Mais maman arrête ! Calme-toi ! Calme-toi ! Et toi, ma sœur qu'as-tu fait pour provoquer ce courroux ! Mais pourquoi ? Pourquoi vous être battues de la sorte ? S'écria-t-il imaginant sa sœur mortellement blessée et sa mère, les mains attachées derrière le dos, entre deux gardes républicains.
    Un court instant il a eu une peur de voir sa mère condamnée à la prison. De la force de ses vingt ans, il la serra dans ses bras avec force et respect. D'une main, il essayait de calmer l'ardeur de la dispute de cette femme dont il avait rêvé quelques rares fois en songe dans les premières années de son adolescence. De l'autre main, il tarissait avec tendresse ce ruisseau de larmes amères, pleines de désespoir qui coulaient sur les joues déjà un peu ravinées de sa tendre maman. Ainsi au fur et à mesure que les pleurs malmenés par les cahotements des hoquets suivis de sanglots, les larmes se jetaient perdues et désespérées dans la mer fermée du fatalisme, de la révolte et d'un remords qui rongeait par l'intérieur ses entrailles.
    - Ce n'est rien maman dit son fils ! Ça va passer ! Ne t'inquiète pas ! Cela arrive parfois.
    Il sentait contre lui ce corps tremblant de convulsions, au rythme des sanglots venu d'une musique de fado qui déchirait son cœur dans la douleur.
    - Je ne voulais pas ! Je ne voulais pas ! Pleurait-elle en s'excusant.
    Puis, laissant échapper de son cœur une note de léger soulagement :
    - Tout ce que j'ai enduré ! Ce n'est pas une vie ! Parfois il voudrait mieux...
    Mais elle n'osa pas terminer sa pensée teinte de couleur noire.
    En même temps le tout jeune homme qui fut grand-père, pensait en imaginant ce couteau pointu, affûté sur la pierre usée d'ardoise en bas de l'escalier, remuant dans la plaie ouverte à intérieur des entrailles de sa mère, de sa grand-mère, de son arrière-grand-mère, depuis des années, depuis des siècles éternels.
    Des larmes de douleur, de toute une vie d'oppression, de discrimination intériorisée et résignée, descendaient abondamment sur son visage. C'était une mer douce de tendresse, où les rides comme des vagues, s'enroulaient avec amour dans le sable fin et doré qui soufflait dans le tourbillon de son cœur.

    ***
    Après la pluie arrive le soleil
    Mais, mais, comme toujours après la pluie, même de larmes, arrive le soleil.
    C'était un petit soleil d'un matin d'été, aux rayons de tranquillité, de calme, accompagné sereinement d'un petit vent frais. Celui-ci, avec zèle, s'appliquait à sécher le visage en larmes de cette femme, mais aussi le visage de toutes ces femmes victimes de machisme, autoritarisme et autres fléaux terminés en « isme ».
    Comme un petit enfant défiant en courage son père, le vent se mit à tourner en rond ne sachant pas quoi faire. Un nuage se mit à bouger puis un autre, le jeu lui procurait du plaisir. Alors voilà que le petit vent regardant timidement le soleil gonfla ses joues et commença à souffler avec enthousiasme. Les nuages se mirent à avancer à la queue leu leu. Une fenêtre de ciel bleu allait peut-être s'ouvrir au-dessus de Roustina, le village qui vu naître le petit Wald.
    Mais chaque personne de Roustina avait gravé dans sa mémoire, depuis très longtemps, la présence d'un ciel gris, parfois très noir qui pouvait leur tomber sur la tête à tout moment.
    - Mais quelles seraient les prévisions de l'avenir ? Se demandait mon jeune papy. Est-ce que l'indignation silencieuse de sa mère et des autres femmes, bonnes à tout faire, de ce pays allait-elle perdurer encore et encore, pendant des années ?

    ***
    Les deux amours de papy
    Pendant ses vertes années, grand-père n'appréhendait pas, loin s'en faut, les problèmes féminins liés à son époque.
    Bien que dans sa conscience raisonnait parfois une guitare de fado mal réglée et désaccordée, ce n'était pas le moment de réveiller celui qui dort.
    Maintenant, ce qui lui tenait à cœur, c'était de réconforter sa mère, de soutenir sa sœur, de faire régner à nouveau l'harmonie dans la famille. Mais cette tragédie qui l'avait affolé maintenant le rassurait. Devait-il leur montrer le bonheur d'avoir dans ses bras, sa mère d'un côté et sa sœur de l'autre.
    Deux femmes qu'il aimait de tout son être, même si une autre apparaissait aux contours mal définis. Elle était encore loin, mais elle s'approchait de plus en plus. Celle-là évoluait dans un univers de questions, tandis que les deux premières faisaient partie d'un présent et d'un long passé rassurant.
    Quel plaisir de sentir les battements du cœur de sa mère au rythme des sanglots et de sentir aussi le regard doux et maintenant soumis de sa sœur.
    Il n'aimait pas les disputes, même s'il devait admettre que les altercations permettaient souvent de faire avancer les choses dans la vie....
     
    Virgile ROBALLO

     

    Douleurs et inquiétudes d'une mère (291)

     
    Douleurs et inquiétudes d'une mère  (291)
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    ...Douleurs et inquiétudes d'une mère
    De son côté à elle, la maman de papy, la douleur des sanglots se transformait petit à petit en bonheur.
    Ses deux enfants étaient à présent noués à sa chair comme dans le passé. Mais en grandissant, elle avait parfois l'impression qu'ils lui échappaient un peu plus chaque jour. Même s'ils étaient là, chaque jour dans la maison, elle les voyait s'éloigner de sa chair petit à petit. Elle les sentait partir, avec inquiétude, vers d'autres vies, d'autres bras.
    Mais n'avait-elle pas fait la même chose avec ses parents ? N'était-ce pas cela le destin d'une mère de sentir des égratignures dans son cœur en voyant s'éloigner ses « enfants ingrats » vers d'autres chemins ?
    -             Mais est-ce qu'ils vont savoir se frayer un bon chemin dans la vie ? Ne vont-ils pas s'égarer dans ce monde chaque jour plus mauvais à ses yeux qui n'avaient jamais vu plus loin que la petite ville de Soutugal située à une quinzaine de kilomètres de de son petit village de Roustina. - Ô  ma petite mère Sainte Marie protégez mes deux petits enfants qui me sont plus précieux que la prunelle de mes yeux !
    Elle ne pouvait surtout laisser deviner à ses deux enfants, pour ne pas les inquiéter, les inquiétudes angoissantes qu'elle ressentait et remuait là, au fond de ses entrailles.
     Mieux vaut se mentir, ne pas dire, ne pas parler. Mieux vaut se murer dans le silence pour ne pas aviver ses sentiments à leur égard. Pourtant son cœur clamait, criait avait envie de parler de sortir des mots de tendresse, d'amour, de douceur cachés dans le tabernacle de sa chapelle intérieure de son corps.
    Mais ce silence, n'était pas du silence, mais la plus longue conversation avec soi-même au sujet de ses enfants. Ses enfants étaient sa chaire. Le jour qu'elle s'en irait définitivement elle continuerait à vivre dans ses enfants. Elle se dit tout-à-coup :
    -             Est-ce cela la résurrection dont parlait le curé du village les jours où il était plus berger pastoral que dénonciateur auprès des autorités noires du régime de Lisbonne ? Puis balayant du regard tout autour d'elle de peur d'avoir été entendue.
    -             Mais il n'y avait pas à avoir peur de rien.  N'était-elle pas dans les bras forts et rassurants de son fils ? N'était-elle pas collée à la chaleur du corps de sa fille déjà une jolie petite femme ? Mais pourquoi cette dispute. Elle ne s'en rappelait plus ni du pourquoi ni du comment. Rien. Avaient-ils entendu ses questions venant de son intérieur ? Non, elle n'avait rien dit à haute voix. Le plus important c'est qu'elle se sentait dans les bras de son fils et tellement proche de sa fille. A un moment de cette étreinte elle eut pourtant envie de crier son bien être :
    -              Est-ce cela le bonheur d'une mère ?
     Peut-être. L'on n'est jamais sûre de rien, même si elle avait envie très envie d'y croire. Le quotidien à la maison, au village avait ses épines, mais à cet instant précis, elle était unie à ses enfants. Un instant d'illumination ou de perte de connaissance, elle crut même les sentir bouger dans son ventre.
     Puis un doute mélangé de rêve et réalité l'interrogea comme dans un murmure venant de loin.
    -             Etait-elle une femme ou était-elle encore une enfant ?
    Sa mère, à elle lui avait dit et souvent répété qu'avec l'âge, les adultes devenaient des enfants. Quel âge avait-elle ? Avec le travail dans les champs, à la maison, elle n'avait pas vraiment le temps de se poser ce type de question. Peut-être que les femmes habitant la ville de Guardangal, tirées à quatre épingles, se la posaient mais pas les femmes comme elle au village. Mais mon dieu regardez-moi comment je suis accoutrée dans ces vieux vêtements usés et fripés. Mais cela avait-il de l'importance ? Non, aucune !  Ses deux enfants étaient le seul centre de ses joies et préoccupations.
     
    Tout d'un coup elle sentit ses jambes se revigorer et tout en baillant, elle s'étira des bras comme si elle venait de se lever à six heures du matin.
    Une lumière sortant de l'ombre des temps éclairait d'une façon nouvelle son doux visage :
    -              « Ta fille a eu le courage de se révolter contre le serpent de la tradition » et contre certains pouvoirs dominateurs mâles qui, depuis des temps sans mémoire, manipulèrent, étouffèrent et profitèrent abusivement d'elle-même, de sa fille, de sa grand-mère, de son arrière-grand-mère, les réduisant toutes à un statut de servantes. Elle venait de réaliser que sa fille avait osé ce qu'elle, sa mère, son arrière-grand-mère n'avaient pas été capables de faire. Se révolter ! Se révolter !
    Sa fille était une femme téméraire. Une femme qui affrontait ce destin, cette tradition bien chrétienne, bien élevée, bien respectueuse de l'obéissance aveugle aux hommes, une tradition, une morale qui ne la respectait pas en tant que femme.
    Sa fille était une femme debout et elle, sa mère, en était fière.
     
     
    ***
     

    Une Décision Sage ?

    Une Décision Sage ?
    Une décision sage ?
    ... La lumière du jour prenait congé pendant que l'obscurité du soir revenait calmement prendre sa place.
    Ne voulant pas non plus rester là, planté à ne rien faire, sans montrer son pouvoir, le clocher de l'Église de Notre Dame du Rosaire retentit pour donner l'ordre au village de célébrer les vêpres. C'est qu'il était déjà 19 heures et le moment pour Monsieur le curé, dont on parlera plus tard, de faire marcher au pas ses ouillages au son de la musique autoritariste de Satanlazar.
    Pendant ce temps-là, grand-père sortait avec regret de son songe sentimental.
    - Il faut revenir à la réalité mon petit bonhomme, se dit-il à lui-même.
    Puis il ajouta en chantonnant:

    - Je sais ! Je sais ! Je sais !
    Je suis du signe du cancer,
    Je suis le roi de la danse :
    Un pas en avant et deux en arrière,
    Pourtant à un certain moment de votre âge
    Il faudra, oui, il faudra bien
    Mon cher Monsieur, le crabe
    Prendre une décision,
    Mais une décision sage !

    Une décision, c'est le pas en avant et une décision sage ce sont les deux pas en arrière fit remarquer le lecteur avec un petit rien d'humour.
    Cependant, la musique du mot sage réveilla sa réflexion, comme le son du clairon annonçant le rassemblement des troupes colonialistes portugaises pour combattre leurs terroristes indépendantistes en Afrique lusophone.
    Mais en ce moment c'étaient surtout les images du passé de sa sœur qui arrivaient au galop dans sa tête.
    Il se rappelait les bizarreries contestataires de sa sœur qui mettaient fin au calme, à la tranquillité, et aussi à une paix dans la famille qui avait duré des siècles et des siècles.
    - Amen ! Ajouta ironiquement le lecteur...
     
    (Extrait du Roman  Il était une fois un loup spécial...)
     
    Vannes Novembre 2019
    Virgile ROBALLO
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    #Posté le jeudi 14 novembre 2019 19:33

     

    Modifié le jeudi 14 novembre 2019 20:07

    sillonnant la vaste mer

     
     
    ... Grand-père stoppa tout net ses mouvements de bras et de corps qui accentuaient encore le drame qu'il était en train de jouer. Surpris de ce qu'il venait d'affirmer, il se laissa tomber pour un instant dans un silence profond. Après quelques instants, comme endossant un autre costume d'acteur, il me regarda avec un sourire, proche de celui de la Joconde et poursuivit:

    Et voici mon petit lapin
    Noir et blanc
    Mon petit Wald
    Mon grand sauvage
    Aussi beau que son âge !
    Es-tu encore en Angola
    Au lieu d'être ici ?
    - Je crois que tu n'aimes plus ton papy !
    - Mais si ! Mais si !

    Eh ! Bien voici que la dite caravelle
    Depuis des jours la mer sillonne,
    Emportant dans son cœur le ciel de Lisbonne.
    C'est une mouette volant au-dessus des vertes et rouges eaux.
    Et la voilà déjà au loin, la fière caravelle,
    sillonnant la vaste mer
    La rouge croix de l'ordre du Christ brodée
    Au cœur de la blancheur de ses voiles,
    Bien haut au vent, joliment hissées.
    L'on dirait que sa pensée
    Est déjà rivée vers le sans fin.


    - En effet, mon joli Wald, la belle caravelle, dansait sur les vagues, dans sa robe de mariée. Elle croyait, avec joie dans sa nouvelle destinée. Derrière elle, la terre, mais devant, cette volonté d'aller toujours plus loin. Elle pensait, - mais regardez le joli pavillon bleu et blanc avec dans son centre un bouton d'or flottant dans l'azur...
     
    (extrait de " Il était une fois ..."
    Fait en Bretagne
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    #Posté le mardi 12 novembre 2019 09:55

     

    La dame Blanche

    La dame Blanche
    La Dame blanche

    A l'extérieur de la maison, le ciel gris pleurait aussi. Grand-père regardait la pluie fine tomber sur le jardin à travers la vitre de la cuisine. Elle formait presque un fin brouillard, une sorte de dame blanche des marais bien élevée. C'est qu'elle faisait attention à ne pas déranger par ses caprices le soleil de printemps. Elle se posait, avec une attention divine, sur le grand bouquet de fleurs roses du cerisier. Puis, à travers la pelouse, elle se frayait un chemin avec délicatesse, pour ne pas faner, ni la couleur bleuet des crocus, ni le cœur doré des pâquerettes. Grand-père, de plus en plus absorbé par le spectacle, balayait des yeux le jardin. Il découvrit des gouttes plus grosses et plus rondes, comme des billes de verre, glissant, hésitantes et avec lourdeur, sur les larges feuilles de l'arum, fièrement solitaire dans son coin à droite de la porte fenêtre de la cuisine. Enveloppé par une petite douleur de nostalgie, grand-père fixait l'arum de ses yeux presque humides.
    Sur le dru des feuilles vertes, il croyait voir la vigueur, la détermination déjà des vertes années de sa sœur. Il se rappelait d'elle, quand ils allaient au bal du village, ensemble, comme s'ils étaient des fiancés. Il se souvenait de sa robe blanche en soie estampée de ramages bleu ciel, serrée à la taille. Comme elle lui allait à merveille ! Puis, sans savoir ni pourquoi ni comment, ses yeux glissèrent et allèrent se poser sur le calice blanc de la fleur. Son imagination, le prenant par la main, il dessina d'un coup de crayon rose la jeunesse rieuse de sa mère sur la page blanche de sa mémoire. Était-ce sa mère ou sa sœur ? Une silhouette semblait se superposer sur l'autre, se confondant et n'en faisant qu'une seule. La Dame Blanche.
    - Que ce temps de pluie est morose. Je me demande si je n'ai pas aperçu la dame blanche de la nostalgie. Pourtant il n'y a pas de brouillard dans la vallée. Il me semble bien que cette pluie m'a endormi!
    Se frottant la tête à la racine de sa crinière couleur de neige il murmura:
    - Je sors dans le jardin prendre une bouffée d'air frais.

    Vannes le 25 octobre 2019
    Virgile ROBALLO
     
    ***
     
     Mon étoile


    Ma douce étoile jaune souriante
    dans son coeur toute étincelante
    Voilà là-bas !
    Toute dormante la montagne qui gît à l'ombre

    Regarde là-bas au loin
    Ma belle lune verte l'œil alerte
    Le désert brûlant se fait du mauvais sang

    Mais voici à tes pieds que
    La Mer Rouge s'en balance
    Tantôt se rétrécit aussitôt s'élance
    Harmonieusement bât la cadence
    Froide la nuit brulante le jour

    Ô mon étoile au cœur doré !
    Mais la Mer rouge s'en balance
    Navigue, navigue Le Lusitania dans la turbulence
    Mais où es-tu mon étoile de souffrance ?

    Et toi, hautaine ville d'Eilat
    Assise avec majesté sur ton trône d'or argenté

    Mais dis-moi, dis-moi
    Ô ma grande étoile de David,
    Ô mon étoile jaune, brillant en bleu
    Flottant glorieusement dans ce paisible ciel blanc
    Comme j'aime te voir sur ton trône d'or argenté

    Mais dis-moi vraiment
    Te crois-tu la princesse de ces lieux ?

    Israël le 14 février 2019
    Virgile ROBALLO
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    #Posté le vendredi 22 février 2019 18:25

     

    Modifié le lundi 25 février 2019 08:30

    Des histoires et des légendes mon ami !

    Des histoires et des légendes mon ami !
     
    Mais ne sois pas pressé !
    Cher lecteur je sais que tu es là en train de marcher sur ce chemin, pas très lointain dans le temps, à mes côtés, mais parfois un tantinet derrière moi.
    Je sais bien que tu n'es pas fatigué, que tu prends un certain recul pour analyser la vie de ces gens et que tu prends aussi du temps pour contempler la beauté de ces champs chemin faisant. Comme tu le vois, j'ai fait, moi aussi, une petite pause pour calmer mon cœur, pour revigorer mes jambes et surtout pour te regarder. Mais ne voudrais-tu pas t'assoir, sur cette pierre recouverte d'une mousse que l'on dirait du velours ! Allez viens à côté de moi contempler la beauté de la montagne et questionner le lointain !
    Mais cher lecteur, maintenant que tu t'es un peu reposé, levons-nous et marchons ensemble en cette journée belle de complicité et écoutons encore ce que ces dignes mais pauvres gens de la Raya pourraient encore nous dire. N'es-tu pas curieux d'écouter, d'apprendre, de savoir ?
    Oui, je le savais, tendons l'oreille écoutons pour mieux comprendre et tu verras qu'en cheminant ensemble et tout en noircissant ce chemin fait de pages blanches, nous allons mieux nous entendre.
    Mais taisons-nous maintenant. Nous arrivons déjà en bas de la montagne.
    Déjà arrivés, si vite ! Ah ! Tu es étonné. Mais mon ami lecteur ne t'es-tu pas rendu compte que chemin faisant, bien sûr en bavardant, que nous descendons beaucoup plus vite que lorsque nous remontons. Pourtant la distance est la même ! C'est qu'au-delà de la gravité il y a une autre étonnante raison ! Je me retourne vers toi et lis dans tes yeux que la curiosité te pique déjà.
    Est-ce que tu veux savoir pourquoi ? Eh bien voilà ! Ecoute l'explication !
    Effectivement tu descends beaucoup plus vite ces vieilles montagnes de la Raya, parce qu'elles sont peuplées, selon certains conteurs de légendes et d'histoires, par toute une myriade d'âmes en peine et aussi par un nombre encore plus grand d'anges.
    Tu ne me comprends pas mon cher lecteur où je veux en venir dans mes propos ?
    C'est que les âmes en peine ce sont des créatures tristes, désœuvrées, inconscientes dans la vie et tout autant dans la mort. Le pire de tout c'est qu'elles passent leur temps sans but aucun.
    Tu vois lecteur, elles ne sont pas uniquement en peine, elles sont également perdues ! Aucun dieu n'en veut dans son royaume, ni dans le rez-de-chaussée du paradis et encore moins dans les hauteurs riches et confortables du ciel.
    Mais quel profit pourrait-tirer la bonté divine de leur entrée dans le domaine céleste ?
    La porte est définitivement fermée ! Que les âmes perdues continuent d'errer dans la dérive éternelle des mystérieuses montagnes, dieu n'en veut pas chez lui !
    Par contre les anges sont faits d'un autre bois ! Non pas de châtaignier lecteur ami, comme Saint Antoine de l'église de notre dame du Rosaire de Roustina, mais en bois d'acajou importé de la ville de Nova Lisboa en Angola, la ville d'exil du petit Wald. T'en rappelles-tu encore ?
    En réalité peu importe de quelle matière sont faits les anges dans cette histoire. Ce qu'il faut souligner lecteur, c'est que les anges bien qu'expulsés du ciel, par le Tout Miséricordieux, ont toujours grand envie d'y retourner. Depuis lors ils ne rêvent que de s'asseoir à la droite du père et bénéficier à nouveau des privilèges et largesses de la cour de dieu.
    Qui n'est pas attaché à ses privilèges et prêt à les défendre bec et ongles. Regarde donc lecteur la société qui est devant toi. Eh ! Eh ! Lecteur qu'y voyons-nous ? Une petite partie de la société qui conjugue uniquement le verbe « posséder » à la première personne du singulier et du pluriel.
    Mais si tu veux vraiment ouvrir les yeux, il y en a qui ne veulent pas les ouvrir, je te l'accorde, tu y trouves en bas de l'échelle, une grande majorité qui vit dans la jalousie et obsession du dit verbe. Ceux-là aussi sont disposés à casser même tuer pour y parvenir. C'est que la vie dans les montagnes de la Raya, ou de notre Vallée de Larmes, est un éternel recommencement. Mais mon cher lecteur, ne nous égarons pas dans ces chemins étroits et plein d'embouches et revenons au fil conducteur de notre conversation sur les anges de cette contrée.
    Dans les flancs montants et descendants des montagnes de la Raya les anges accomplissent une lourde peine bien particulière. Celle-ci a été causée par rébellion et orgueil à l'égard du Tout puissant. C'est pourquoi lecteur que dans toutes ces montagnes les anges font du zèle à servir dieu en espérant racheter au plus vite la place perdue auprès de Lui.
    Ainsi à peine les anges trouvent un voyageur comme toi et moi marchant dans la montagne, voilà qu'ils s'agroupent derrière toi et te poussent à aller plus vite presque à courir en descendant. C'est qu'ils s'imaginent qu'en te poussant lecteur, ils te feront rentrer dans la superbe et luxueuse église dressée dans le bas de la vallée et une fois dedans tu ne seras plus la brebis égarée, mais la bonne brebis retrouvée fière d'appartenir au grand troupeau de dieu. Ainsi les anges n'ont pas travaillé pour rien, leurs efforts seront payés en heures sup par le Tout Puissant et pourront racheter en même temps et au plus vite leur retour parmi les Grands du Ciel. Dieu ne peut que se réjouir de constater que sa population de serviteurs va grandissant grâce au travail efficace de rabattage de ses anges.
    Mais ce n'est pas tout dans cette histoire. Il reste la partie moins lucrative de ce négoce divin. La montée !
    En effet lorsque tu marches vers le haut d'une montagne ou d'une simple colline faisant ton chemin tu te rends bien compte lecteur que tu peines à monter, que tu te fatigues davantage, que tu n'avances pas, que ton cœur s'essouffle, que la vie est plus dure qu'un os.
    Et alors ! Pourquoi donc ?
    Mais tout simplement parce qu'il n'y a plus d'anges pour te pousser. Pas exactement ! Je ne dois pas te mentir lecteur, même si cela est chose commune chez les humains pour embellir les tristesses de la vie. Il reste encore un ange. Mais ce pauvre ange boite autant de la jambe droite que de la jambe gauche ! Dans ces circonstances comment peux-tu lecteur aller de l'avant dans les côtes de ces montagnes ou de la vie ?
    C'est là un travail ardu, ingrat que les anges valides ne veulent pas faire. Ce n'est pas rentable. Hors de question de travailler par amour et de l'eau fraîche. Ce n'est pas avec ce type de travail, peu reconnu et sans prestige, que l'on gagne le royaume du Ciel ! On ne veut pas y perdre nos délicates plumes blanches, te répondent ces anges dans un gloussement grave accompagné d'un battement ailes.
    Encore une fois de plus lecteur, je te demande d'observer avec attention la société. Qui fait les travaux les plus pénibles et les moins bien payés, ici-bas ? Eh bien ! Les différentes sortes d'anges boiteux et il y en a !
    Le job n'est pas rentable ni pour ces anges avides de pouvoir, d'ambition démesurée, de fort orgueil, ni pour dieu, car que vas-tu trouver dans le haut des montagnes ! Non ! Non ! Lecteur ! Tu n'y trouveras ni de somptueuses églises ni de cathédrales regorgeant de richesses. Non ! Tu y trouveras parsemées dans le silence et l'oubli des montagnes de pauvres et misérables petites chapelles, des ermitages habités par des religieux si pauvrement habillés qu'ils semblent avoir été oubliés de tous les dieux. Eh ! Dis-moi lecteur quel pauvre diable de ce monde rêve de gens mal habillés et vivant dans la pauvreté ?
    Au contraire ce qui nourrit les vocations, ce qui alimente la foi, ce qui anime chaque pauvre pécheur chrétien, qu'il soit orthodoxe, catholique, protestant, coopte, chaque variété et espèce de musulman, c'est l'amour de la splendeur des maisons de dieu, la richesse de l'accoutrement de ses dignitaires représentants et une espérance de vie éternelle dans la grandeur royale des cieux.
    Eh ! Lecteur ami, ne voudrais-tu pas croire que tout pécheur pauvre, ou pauvre pécheur prie le ciel avec dévotion et grande foi pour obtenir la Richesse et grandeur de Notre Seigneur.
    Eh ! Justement lecteur quand on parle du loup on en voit la queue ! Voilà un homme qui a une toute autre apparence vestimentaire. Il porte une barbe hirsute et mal lavée. Il semble s'appuyer avec difficulté sur son gourdin tordu, le corps recouvert de haillons, le visage couleur de cire et creux comme une coque de noix. L'on dirait qu'il est plus vieux que le temps. Mais que fait-il là à l'entrée du hall de l'entrée de la Mairie de Ciudad don Rodrigo en train de haranguer une dizaine de badauds ?
    Lecteur, approchons nous de la scène avec discrétion et voyons ce qui se passe !
    ............
     
    Virgile ROBALLO

    #Posté le jeudi 20 décembre 2018 22:59

     

    Modifié le jeudi 20 décembre 2018 23:18

    La foire de la Saint Pierre

    La foire de la Saint Pierre
     
    La foire de la Saint Pierre à Soutugal
    La foire de São Pedro le 29 juin faisait battre le cœur de toute la Raia située autour du district administratif de Soutugal.
    Géographiquement, La Raia est collée dans toute sa longueur au ventre brûlant de la Castille et à la fraîcheur verdâtre du fleuve Côa. Les habitants, d'un côté et de l'autre de la frontière, parlent un langage différent, aussi bien du portugais, que du castillan. Cependant tous vivaient au diapason de la foire de São Pedro. Tous les événements importants ou pas, joyeux ou tristes, se situaient dans le temps par rapport à la foire de São Pedro.
    «De la foire de São Pedro à la mi-juillet il faudra faire les moissons.... Avant la foire de São Pedro il faudra rentrer les foins... Entre la sainte Antoine et la foire de São Pedro je vais marier ma fille... et ainsi de suite» commentaient les villageois.
    C'est que la foire de São Pedro était une caisse de résonance dans la tête des villageois, bien que cette résonance pût être différente selon chacun d'eux. En outre, pendant ces deux jours de foire se passait toujours quelque chose qui marquait les esprits ou les cœurs des «raianos», les frontaliers. Ainsi se nommaient-ils avec une certaine fierté.....

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    #Posté le dimanche 02 décembre 2018 23:00

     

    Modifié le jeudi 20 décembre 2018 23:26

    La dame blanche

    La dame blanche
     
    Extrait du roman:« Il était une fois ...

     Un Loup Très Spécial
     Qui mangeait les fleurs des bois d'Espagne
    Et croquait les enfants des villages du Portugal »



    A l'extérieur de la maison, le ciel gris pleurait aussi. Grand-père regardait la pluie fine tomber sur le jardin à travers la vitre de la cuisine. Elle formait presque un fin brouillard, une sorte de dame blanche des marais bien élevée. C'est qu'elle faisait attention à ne pas déranger par ses caprices le soleil de printemps. Elle se posait, avec une attention divine, sur le grand bouquet de fleurs roses du cerisier. Puis, à travers la pelouse, elle se frayait un chemin avec délicatesse, pour ne pas faner, ni la couleur bleuet des crocus, ni le cœur doré des pâquerettes. Grand-père, de plus en plus absorbé par le spectacle, balayait des yeux le jardin. Il découvrit des gouttes plus grosses et plus rondes, comme des billes de verre, glissant, hésitantes et avec lourdeur, sur les larges feuilles de l'arum, fièrement solitaire dans son coin à droite de la porte fenêtre de la cuisine. Enveloppé par une petite douleur de nostalgie, grand-père fixait l'arum de ses yeux presque humides.
    Sur le dru des feuilles vertes, il croyait voir la vigueur, la détermination déjà des vertes années de sa sœur. Il se rappelait d'elle, quand ils allaient au bal du village, ensemble, comme s'ils étaient des fiancés. Il se souvenait de sa robe blanche en soie estampée de ramages bleu ciel, serrée à la taille. Comme elle lui allait à merveille ! Puis, sans savoir ni pourquoi ni comment, ses yeux glissèrent et allèrent se poser sur le calice blanc de la fleur. Son imagination, le prenant par la main, il dessina d'un coup de crayon rose la jeunesse rieuse de sa mère sur la page blanche de sa mémoire. Était-ce sa mère ou sa sœur ? Une silhouette semblait se superposer sur l'autre, se confondant et n'en faisant qu'une seule. La Dame Blanche.
    - Que ce temps de pluie est morose. Je me demande si je n'ai pas aperçu la dame blanche de la nostalgie. Pourtant il n'y a pas de brouillard dans la vallée. Il me semble bien que cette pluie m'a endormi!
    Se frottant la tête à la racine de sa crinière couleur de neige il murmura:
    - Je sors dans le jardin prendre une bouffée d'air frais.

    Philadelphie Pennsylvanie)
    Virgile ROBALLO
     
     
    Location Villa Solleil Vacances  Golfe du Morbihan
     
    Locations Vacances Morbihan Bretagne



     

    #Posté le mercredi 28 novembre 2018 12:31

     

    Modifié le vendredi 30 novembre 2018 10:31

    Comme la vieille horloge

     
    Comme la vieille horloge
     
     
    Comme La vieille horloge
    Extrait du roman:« Il était une fois ...

     Un Loup Très Spécial
     Qui mangeait les fleurs des bois d'Espagne
    Et croquait les enfants des villages du Portugal »

    Pendant ce temps-là, grand père continuait à balancer la tête, comme la pendule à poids de la vieille horloge du salon, sans prendre de décision définitive.
    C'est qu'il se rappelait, comme si c'était hier, des conflits entre sa sœur Lucia et sa mère. Leurs disputes devenaient hargneuses, comme une guerre civile au sein de la famille. Pourtant il lui semblait, qu'auparavant, il n' y avait jamais eu un mot plus haut que l'autre qui puisse faire trembler le plancher en pin de la maison ou la flamme de la chandelle à huile qui tentait, tant bien que mal, d'éclairer les joues rougeâtres aussi bien de sa mère que de sa sœur. Comme elles se ressemblaient. S'il n'y avait pas eu les 19 ans d'âge qui les séparaient et la petite fossette sur le menton de la plus jeune, l'on aurait pu croire qu'elles étaient sœurs jumelles.
    Peut-être, le souvenir de ces images, défilant comme un film sur l'écran de sa mémoire, fit couler sur son visage, à demi labouré, deux petites larmes rondes brillantes comme des étincelles couleur d'argent roulant sur une fleur de lys tout blanc.
     
    Houston (Texas)
    Virgile ROBALLO

     

     
     
     

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